Near Death I

  • Frederick Wiseman
1989
358min

Synopsis

L’unité de soins intensifs de l’hôpital Beth Israël de Boston (Massachusetts)/ Le film traite des attitudes devant la mort. Il présente les relations complexes entre patients, familles, médecins, infirmières, personnel hospitalier et conseiller religieux au moment où ils affrontent les problèmes individuels, éthiques, médicaux, psychologiques, religieux et juridiques que pose la décision de poursuivre ou non les traitements qui maintiennent les malades en survie. 

Mots clés : 
  • États-Unis
  • Hôpital
  • Médecin
  • Mort
Tourné à l’hôpital Beth Israel de Boston, Near Death s’intéresse à la manière dont les gens affrontent la mort. Le film présente les relations complexes entre les patients, leurs familles, le personnel médical ou encore les conseillers religieux. Au cœur de ces échanges règne une question importante, celle de décider d’administrer ou non des soins pour maintenir en vie certains patients mourants.
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Extrait d'un Entretien avec Frederick Wiseman Propos recueillis, à Paris le 19 février 2014, par Yolande Arnault

Y.A. : S’agissant de Near Death, qu’est-ce qui vous a donné l’idée, l’envie d’un tel sujet ?

F.W. : C’est la façon dont on traite de la question de la mort qui est très importante aussi bien pour la personne elle-même, pour sa famille, mais aussi pour la société tout entière. Il est également quelque peu évident pour moi que ce sujet est très lié à ceux que j’ai traités dans mes autres films.

Y.A. : Avez-vous tout de suite pensé à ce titre Near Death ou avez-vous envisagé d’autres titres ? 

F.W. : Au début j’avais pensé que le titre serait Death (La mort). Near Death s’est imposé à la fin parce qu’il est le lien entre les malades et les gens qui travaillent dans ce service, dans cet hôpital. Parce que tous les infirmiers, tous les médecins sont near death. C’est un titre plus littéraire…

Y.A. : Plus littéraire et presque poétique, et dans le même temps plus signifiant.

F.W. : Oui, car il rend bien compte de l’idée du film, qui est la mort. Tout le monde est concerné par elle, la famille, les infirmières les médecins, les patients bien sûr… Tous sont Near Death… Et nous tous aussi… 

Y.A. : Dans le même ordre d’idée, est-ce pour cette raison que vous avez choisi de tourner ce film en noir et blanc ?

F.W. : Mon premier film en couleur, The Store a été tourné en 1983. Il était en couleur parce qu’il fallait voir la couleur des objets. Pour Near Death, j’ai pensé que le noir et blanc était important en raison de son sujet, la mort. C’était aussi pour une question d’esthétique.

Y.A : Le noir et blanc est-il dès lors mieux approprié pour rendre compte du réel par rapport à la couleur qui servirait davantage le fictionnel ? 

F.W. : Je ne pense pas. Je fais juste des choix très subjectifs de ce que j’aime ou que je n’aime pas. Pour Near Death, étant donné le sujet très délicat, le noir et blanc était à mes yeux tout à fait adapté car il permettait beaucoup plus de nuances.

Y.A. : Pourquoi avoir choisi ce lieu en particulier, ce service de réanimation du Beth Israël Hospital de Boston ? 

F.W. : J’ai choisi ce lieu pour plusieurs raisons. Premièrement, parce l’institution a accepté ma présence et il faut savoir qu’il est très difficile d’obtenir les autorisations. Deuxièmement, parce qu’il s’agit d’un des meilleurs hôpitaux des États-Unis d’Amérique. Troisièmement, en raison de la manière dont il traite du problème de la mort, de façon je dirais « très démocratique », très en avance, dans le sens où les médecins prennent les avis des malades et des familles. Tout le monde participe aux décisions. On voit dans le film que les médecins n’arrêtent pas les traitements sans en parler avec les malades et leur famille. Et si le malade n’est pas capable de participer à la décision, la famille ou les proches sont sollicités pour donner leur sentiment, leur avis. Les équipes n’arrêtent les traitements que s’ils jugent malades et familles capables d’accepter l’idée qu’il n’y a rien d’autre à faire. Dans le film, c’est le cas de M. Cabra, un jeune homme de 32 ans. Dans un premier temps, sa femme ne peut pas accepter qu’il soit en train de mourir, c’est pourquoi il est resté cinq ou six semaines sous machine… sous respirateur, jusqu’à ce que sa femme puisse accepter l’idée qu’il ne pourra jamais guérir.

Lire la suite sur: https://shs.cairn.info/revue-cancers-et-psys-2014-1-page-156?lang=fr

Critique sur Shangols Publiée le 19 mars 2021

Ah bon sang de bois, on le tient, le sommet de l’œuvre de Wiseman, pourtant pas avare en très grands films. Ce Near Death entre immédiatement au panthéon des films qui m’ont le plus bousculé, ému, bouleversé. La rigueur de Wiseman, son intelligence, la distance exactement bonne qu’il trouve face aux choses qu’il filme, son humanisme, sa bonté profonde dans ce qu’il montre des gens qu’il regarde, tout ça est cette fois au service du sujet ultime, celui que tous les cinéastes ou presque veulent traiter : notre place par rapport à la mort. Thème délicat, et pour le traitement duquel il faut avoir une sacrée mesure, une sacrée pudeur, et une sacrée intelligence pour en rendre l’aspect métaphysique et physique, moral et scientifique. Autant de qualités que Wiseman fait exploser dans ce film ravageur de 6 heures, qui s’infiltre dans le service de soins intensifs de l’hôpital Beth Israel de Boston pour y filmer ces hommes et ces femmes dans leurs derniers instants ; ceux où il faut faire face à la mort, douloureusement, et ceux où, entourés par leurs proches et par une armada de médecins et infirmières, la décision doit être prise de continuer à les faire survivre et donc souffrir ou cesser la torture et les regarder partir. Autant vous dire qu’on n’est pas complètement à la fête au cours de ces heures éprouvantes ; à moi, il m’a fallu mettre le film sur pause bien des fois, le temps de sangloter bruyamment ou de respirer un coup……De longues scènes très répétitives mais d’une infinie patience pour capter ce moment de flou complet, dans lequel les médecins eux-mêmes sont embarqués. Car au final, malgré leur professionnalisme, malgré même parfois les rires qui jaillissent au détour d’une conversation morbide entre eux, on aperçoit en plein leur totale impuissance par rapport à tout ça, et l’absurdité de ce qu’ils ont devant les yeux : ils savent que la plupart des patients qui passent les portes de cet hôpital ne ressortiront pas vivants, ou qu’au pire ils ne parviendront qu’à leur accorder que quelques jours, quelques semaines de rémission ; ils savent qu’ils seront accusés au bout du compte d’avoir mal compris les désirs des familles et qu’ils seront les grands méchants de l’histoire ; mais ils continuent, au nom d’une vision sacro-sainte de la vie, parce qu’ils sont là pour ça, parce que quelques minutes volées à la mort sont toujours ça de pris. Leur discussions philosophiques sont tout aussi passionnantes que ces scènes parfois pénibles à regarder….                                                        https://shangols.canalblog.com/archives/2021/03/19/38874110.html

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Cinéaste américain né en 1930 à Boston, Frederick Wiseman est diplômé en droit en 1954 à la Yale Law School. Wiseman affirme dès son premier film documentaire, Titicut Follies en 1967, ses principes de base : l’absence d’interviews, de commentaire off et de musiques additionnelles. Le montage, qu’il effectue lui-même, est une étape importante du processus de création de ses films et dure en général 12 mois. Son œuvre compose un portrait mosaïque de la société contemporaine, des États-Unis, de la France et de leurs institutions. Une véritable conscience du politique traverse cette œuvre essentielle que l’on peut sans aucun doute considérer comme « un seul et très long film qui durerait plus de 100 heures ». Frederick Wiseman a également dirigé deux films de fiction La Dernière Lettre en 2002 et Un couple en 2022 ; il a aussi travaillé pour le théâtre. À Paris, il a mis en scène La Belle d’Amherst, pièce de William Luce sur la vie d’Emily Dickinson et deux pièces à la Comédie Française : Oh les beaux jours de Samuel Beckett et La Dernière Lettre, d’après un chapitre du roman de Vassili Grossman, Vie et Destin. Son film Welfare a été adapté au thèâtre par Julie Deliquet, spectacle qui a fait l’ouverture du festival d’Avignon 2023.

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