Hospital

  • Frederick Wiseman
1969
84min

Synopsis

Les activités quotidienne d’un grand hôpital urbain, le Metropolitan Hospital  de New-York : particulièrement le service des urgences et le service des consultations externes. Les cas montrés illustrent la façon dont l’expertise médicale, la disponibilité des ressources, des considérations d’organisation interne, ainsi que la nature des relations entre l’équipe médicale affectent la qualité des soins médicaux. La bienveillance générale du personnel soignant envers les patients est exempte de toute démonstration de tendresse, le savoir technique s’y oppose. Le rapport au patient est un rapport exclusif à la maladie. 

Mots clés : 
  • États-Unis
  • Hôpital
  • Médecine
  • New York
  • Population
Un grand hôpital public à Harlem. Aux urgences du Metropolitan Hospital se retrouvent des New-Yorkais sans distinction de classe ou de couleur et c’est toute l’Amérique des pauvres et les failles du système de soins américain qui surgit….

Sélection Officielle au festival de Cannes 2016 et Prix Consécration de France Culture

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Pourquoi avez-vous choisi de chroniquer le quotidien du Metropolitan Hospital de New York?

Dans le cadre de ma série sur les institutions, je voulais réaliser un film sur le service des urgences et le centre de traitement ambulatoire d’une grande ville. J’ai choisi le Metropolitan Hospital de New York car à l’époque, c’était le seul hôpital public rattaché à un secteur se déployant de Times Square à la 125e rue, d’Est en Ouest de Manhattan .

Avec quel objectif avez-vous démarré la réalisation d’Hospital?

Les médecins et les infirmières de cet hôpital y prodiguaient jusqu’à 500.000 soins par an. Ce qui m’a intéressé, c’était de montrer la variété des problèmes de santé physiques et mentaux traités, ainsi que la nature des soins apportés. Mon but était de filmer leur travail au quotidien. L’ensemble du personnel a aimé le film. 

Un mot sur le tournage ?

Nous avons tourné durant quatre semaines afin d’obtenir assez de séquences pour monter un film dévoilant les enjeux régissant les rapports entre les médecins, les infirmières, les patients et les familles. Heureusement, nous n’avons eu aucun problème technique.Personne n’a également formulé d’objection à être filmé, en dépit de la gravité de certains problèmes de santé qui contraignaient ces patients à solliciter les soins de l’hôpital. (extrait de l’entretien entre Benoi Pavant et Frederick Wiseman, publié le 13-05-2016) https://www.festival-cannes.com/2016/frederick-wiseman-ausculte-les-urgences-dans-hospital/

Hospital-frederick-wiseman-le-lieu-documentaire
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Extrait d’un Article de Jean-Sébastien Massart

Lorsque Frederick Wiseman commence à plancher sur le projet de Hospital à la fin des années 1960, le directeur des hôpitaux de New York lui propose deux endroits : un hôpital de Brooklyn et le Metropolitan Hospital, situé à East Harlem. Le documentariste opte rapidement pour le second, où il tourne pendant un mois, à raison de douze heures par jour. Si le film commence in medias res dans le bloc opératoire, cette ouverture vaut moins comme programme (le geste médical n’est pas du tout le sujet de Hospital) que comme immersion dans le monde hospitalier, dont Wiseman observe le fonctionnement à travers l’accueil continu de patients au service des urgences. Tous ont en commun de vivre dans une très grande précarité sociale : ainsi, dès les premières séquences, le portrait d’une vieille femme qui s’inquiète de ne plus pouvoir payer ses frais médicaux côtoie celui d’un homme édenté, qui vit l’aveu de ses maux (il souffre d’hémorroïdes et de troubles urinaires) comme une humiliation profonde. C’est par là que le regard de Wiseman révèle à la fois son acuité et son engagement, au sens le plus noble du terme : loin de construire des types sociaux, le montage élabore au fil des séquences une thèse assez limpide : dans le microcosme états-unien que représente l’hôpital, la condition sociale est d’abord inscrite dans les corps. Plus on est pauvre, et plus on souffre……L’une des séquences les plus belles du film est ainsi celle où une infirmière se demande ce qu’elle va bien pouvoir faire d’un jeune enfant noir, visiblement sans parents, qui vient de faire une chute de cinq mètres depuis une fenêtre. La question que se pose l’infirmière est purement logistique (dispose-t-on d’un lit pour l’accueillir ?) et pendant qu’elle la retourne de façon angoissante, Wiseman filme l’enfant nu, sur une table d’examen où on lui donne la toilette. L’hôpital retrouve par cette attention à l’autre son sens premier, fondateur – celui de lieu hospitalier. Il suffit d’une séquence comme celle-ci pour remettre en cause tout le système de santé américain, libéral et inégalitaire. (publié 10 sept 2024) https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/hospital/

Cinéaste américain né en 1930 à Boston, Frederick Wiseman est diplômé en droit en 1954 à la Yale Law School. Wiseman affirme dès son premier film documentaire, Titicut Follies en 1967, ses principes de base : l’absence d’interviews, de commentaire off et de musiques additionnelles. Le montage, qu’il effectue lui-même, est une étape importante du processus de création de ses films et dure en général 12 mois.

Son œuvre compose un portrait mosaïque de la société contemporaine, des États-Unis, de la France et de leurs institutions. Une véritable conscience du politique traverse cette œuvre essentielle que l’on peut sans aucun doute considérer comme « un seul et très long film qui durerait plus de 100 heures ».

Frederick Wiseman a également dirigé deux films de fiction La Dernière Lettre en 2002 et Un couple en 2022 ; il a aussi travaillé pour le théâtre. À Paris, il a mis en scène La Belle d’Amherst, pièce de William Luce sur la vie d’Emily Dickinson et deux pièces à la Comédie Française : Oh les beaux jours de Samuel Beckett et La Dernière Lettre, d’après un chapitre du roman de Vassili Grossman, Vie et Destin. Son film Welfare a été adapté au thèâtre par Julie Deliquet, spectacle qui a fait l’ouverture du festival d’Avignon 2023.

Frederick Wiseman a obtenu de nombreuses récompenses, parmi lesquelles figurent quatre Emmys, un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière au festival de Venise en 2014, ainsi qu’en 2016, un Oscar d’honneur de la part du Conseil des gouverneurs de l’Académie des arts et des sciences du cinéma américain. En 2021, il reçoit de la SRF le Carrosse d’or pour l’ensemble de sa carrière lors du festival de Cannes.

Dès 1971 afin de se garantir une indépendance de création, il crée sa propre société de production et de distribution Zipporah Films.

(Source : La Cinémathèque du documentaire à la Bpi. Notice biographique mise à jour en juin 2024)

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