Fondé sur un entretien en trompe l’oeil avec Pierre Klossowski et son épouse, le film tente d’élucider et de traduire formellement (citations, jeux de miroir, mises en abyme) l’origine des fantasmes de l’écrivain, leurs modes de restitution graphiques ou textuels, et la manière dont les images produites en génèrent d’autres à leur tour.
Visionnaire et baroque, “pillard de génie”, Klossowski (1905-2001) est l’auteur d’une oeuvre considérable même si elle reste relativement confidentielle. Des traductions du latin, de l’allemand, du chinois, des essais philosophiques sur Sade et Nietszche notamment, des romans inclassables… Depuis 30 ans, les dessins, la peinture ont pris le pas sur l’écriture. Pour Klossowski en effet, le crayon et le mot, le dessin et l’écriture sont deux instruments au service d’une exigence unique : la vision, essentiellement nourrie depuis 1945 par Denise alias Roberte, “modèle conjugal” de l’artiste, héroïne du triptyque romanesque Les Lois de l’hospitalité et figure omniprésente de l’oeuvre plastique. “Je me trouve sous la dictée de l’image” : cette sentence martelée au début du portrait en indique d’emblée l’orientation.
(Myriam Bloedé)
