La réalisatrice Yolande Zauberman parle du film Model, de Frederick Wiseman, sur l’agence Zoli à New-York, qui emploie des mannequins féminins et masculins.
Une immersion passionnante dans les coulisses de la mode…
….Durant un peu plus de deux heures, il nous fait découvrir l’envers du décor d’un monde où tout n’est qu’apparence…Model (1981) offre l’opportunité de découvrir le quotidien d’une agence et de ses modèles. Entre les nouveaux postulants qui débarquent des étoiles plein les yeux avec un book pas voire peu professionnel et de l’autre, des modèles déjà rompus à l’exercice et qui doivent se plier aux désidératas des photographes ou des réalisateurs. Que ce soit pour un shooting photo ou pour le tournage d’un spot publicitaire, on constate rapidement la différence de traitement qui s’opère entre les hommes et les femmes. Au détour d’un tournage, on assiste à une scène en apparence banale mais qui en dit long, avec une jeune femme qui se retrouve le visage littéralement tartiné de maquillage pendant que son collègue masculin patiente gentiment tout en se rasant sa barbe de 3 jours. Le monde du mannequinat est sans pitié, comme vient nous le rappeler un model-scouts (personne en charge de découvrir les nouveaux potentiels mannequins) qui, face à une débutante, vient lui anéantir ses rêves en lui expliquant qu’avec son 1m69, elle ne pourrait pas prétendre à être mannequin où d’autres, qui expliquent simplement qu’ils ont un look trop commercial…..Une immersion passionnante dans un univers (celui de la publicité) que l’on sait d’avance, être loin de tout repos, sexiste et misogyne. Enfin, il est intéressant de voir la façon avec laquelle Wiseman filme les photographes & réalisateurs en train de travailler avec les modèles, leurs approches et la façon avec laquelle ils s’approprient le corps de leurs modèles. (Écrit par Renger le 27 oct. 2021) https://www.senscritique.com/film/model/critique/256952055
Né en 1930 à Boston, Frederick Wiseman est l’un des réalisateurs les plus importants de l’histoire du cinéma documentaire moderne et contemporain. Toujours en activité, il filme depuis les années 1960, avec une persévérance hors du commun, le fonctionnement des institutions américaines : école (High School, 1968, High School II, 1994), armée (Basic Training, 1971, Manœuvre, 1979), justice (Law and Order, 1969, Juvenile Court, 1973), services sociaux (Welfare, 1975, Domestic Violence, 2001), hôpital (Hospital, 1970, Near Death, 1989)… Mais c’est d’abord en tant que juriste que cet observateur infatigable a été amené à s’intéresser au spectacle des interactions sociales. Sorti diplômé en 1954 de la prestigieuse université de Yale, Wiseman a enseigné le droit avant de se tourner vers le cinéma, suivant une affinité liée à son autre « formation », littéraire cette fois, « par la lecture des romans ou des pièces de théâtre»1. En 1963, il produit The Cool World de Shirley Clarke, portrait d’un gang de jeunes afro-américains de Harlem, pour lequel la réalisatrice choisit des interprètes non professionnels parmi les jeunes du quartier, conférant à la trame fictionnelle de son récit un étonnant réalisme social. À la suite de cette expérience, Wiseman se lance dans la production et la réalisation de son premier film, Titicut Follies (1967). Tournant au sein d’un pénitencier psychiatrique, le cinéaste commence à développer avec ce film un regard qui, par certains égards, fait écho à celui d’une instruction judiciaire : observer sans intervenir, collecter des preuves ou des témoignages que le montage se charge ensuite d’agencer sans commentaire. (Extrait CNC: Un observateur critique de l’Amérique)
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