La collection Les Hommes-livres comporte vingt portraits d’écrivains. Jérôme Prieur, écrivain et réalisateur de documentaires a été pour l’Ina directeur de cette collection. Ces portraits sont souvent des dialogues et à chaque fois les intermédiaires, écrivains, réalisateurs, critiques littéraires, éditeurs ou universitaires sont des familiers de l’œuvre capables de communiquer leur passion de lecteur.
Gérard Mordillat fait un portrait de Béatrix Beck chez elle, dans sa petite maison du hameau des Flamands, près de Gisors. Il l’interroge sur ses écrits, plus particulièrement sur ses textes autobiographiques. Il nous introduit au cœur de ses premiers romans en dégageant les événements fondateurs de sa vie et de son œuvre : le suicide de sa mère, la guerre de 39-45, l’Occupation, la mort de son mari, la pauvreté. Il interroge également l’écrivain sur son rapport à la lecture, à la langue, à l’écriture : quand, pourquoi et comment Béatrix Beck a-t-elle commencé à écrire ? Comme dans les autres films de la collection des “Hommes-Livres”, la réalisation et le style du film tentent de rendre compte du style de l’œuvre. Ici, le réalisateur est très présent, et c’est avec une certaine insistance, voire une certaine violence, qu’il pousse Béatrix Beck à s’exprimer : l’œuvre de l’écrivain exclut en effet tout attendrissement ou apitoiement sur soi-même. Le sens du raccourci et de l’ellipse qui la caractérise y est toujours aussi net, mais sert à capter aujourd’hui le foisonnement de son imagination. Béatrix Beck lit des extraits de “Barny”, “Une mort irrégulière” (Éditions Gallimard), “L’Epouvante, l’émerveillement”, “Noli” (Éditions du Sagittaire), “Recensement” (Éditions Grasset)