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Jean Painlevé au fil de ses films (1)

  • Denis Derrien
  • Hélène Hazera
1988
4 x 26

Synopsis

1. Jean Painlevé raconte son enfance, sa jeunesse dans le Montparnasse des années 1920 et comment il est venu à l’observation des animaux et à la réalisation de films scientifiques. Il est né le 20 novembre 1902 – Painlevé fait toujours preuve d’une grande précision dans sa façon de parler – et sa mère est morte à sa naissance. Son père était normalien et ministre. Il a été entouré de scientifiques. Très mauvais élève, il réussit à passer miraculeusement son bac et devint le premier de sa classe de Math spé, qu’il quitte sur un coup de tête. Il partait soi-disant pour le lycée mais se rendait au jardin des Plantes où il était aide-vétérinaire ! Le cinéma était à la mode, il joue dans un film avec Michel Simon. Puis, il réalise L’Oeuf de l’épinoche, de la fécondation à l’éclosion tourné image par image. Le temps de dire “moteur” à son opérateur, il ratait toujours le début du filmage : il décide de se passer d’opérateur, de tourner et de monter lui-même.

2. Jean Painlevé parle de ses films L’Oursin (1928), La Daphnie (1928) et Caprelles (1929) dont nous voyons de longs extraits. Il aime montrer des animaux rares et curieux, les caprelles, par exemple, qui courent en bondissant au fond des aquariums. Miracle de filmer une caprelle accouchant en marche ! Painlevé filme évidemment ce qui l’intéresse, par exemple l’architecture de l’oursin, série de structures et de colonnades, mais aussi ce qu’il pense devoir intéresser le public, la parthénogénèse des daphnies par exemple. L’arrivée du parlant sonne, selon lui, le glas du cinéma qui doit passer sous les fourches caudines des mots, des acteurs. Il maintient les intertitres dans ses films. Il crée l’institut de cinéma scientifique et technique, il essaye de convaincre les chercheurs de l’intérêt du cinéma. Il raconte comment il s’est fâché avec Eli Lotar à la suite d’une erreur de développement de la pellicule et comment celui-ci, sans travail, est véritablement mort de faim. Il dira, mais dans un autre épisode, son remords.

3. Painlevé parle de son film Barbe-Bleue dont il avait commandé la musique à Maurice Jaubert qui composa dix minutes de musique foudroyante. Il parle aussi de son grand ami Jean Vigo, qu’il regrette de ne pas avoir sauvé en lui créant un rein artificiel. Puis il parle de ses films sur le bernard l’hermite (1929) et sur l’hippocampe (1934). Où l’on apprend que le bernard l’hermite a la pince droite plus grosse que la gauche. Avec un certain grossissement, on peut faire un monstre de ce charmant petit animal ! L’Hippocampe est un film qui a rapporté ce qui avait été investi. Ce qui est rare pour un court-métrage, et très rare pour un film de Painlevé. On y voit, par exemple, un mâle qui accouche, les oeufs de la femelle collés sur sa peau, dans les douleurs de la délivrance. Painlevé reconnaît avoir toujours été gêné par le fait de pouvoir s’emparer des animaux et d’en faire ce qu’il voulait sous prétexte qu’il était le plus fort. Il réalise ses premières prises de vues dans la mer grâce à un scaphandre qui lui donne dix minutes d’autonomie. Il crée le club des “sous-l’eau”, où l’on apprend la plongée.

4. Painlevé commente ses films Vampire et Solutions françaises dont des extraits sont présentés. Le vampire est une des rares chauve-souris qui marche. Il attaque les animaux à sang chaud par la patte. Avec cette patte, il fait aussi le salut hitlérien ; nous sommes en 1939 et Painlevé participe à la lutte anti-nazie. En 1945, il met sur ses images une musique de Duke Ellington à laquelle il pensait depuis longtemps. Solutions françaises est un film sur l’invention des chercheurs français (Langevin, Joliot-Curie, etc.) que Painlevé a refusé de montrer sous l’occupation allemande. Ce qui lui valut d’être condamné pour rétention de deniers publics par l’administration de de Gaulle ! Parmi ses titres de gloire, il s’enorgueillit d’avoir imposé le court-métrage à la distribution et fondé la commission supérieure technique, de laquelle il fut révoqué pour avoir assuré qu’on pouvait tourner en sonore à 16 images/seconde. Dans Assassins d’eau douce, la musique est synchrone avec les images, sans le moindre montage, de la première à la dernière note. Painlevé appelle cela hasard cosmique !

(Dominique Villain)

Mots clés

  • Jean
  • Painlevé

1. Jean Painlevé raconte son enfance, sa jeunesse dans le Montparnasse des années 1920 et comment il est venu à l’observation des animaux et à la réalisation de films scientifiques. Il est né le 20 novembre 1902 – Painlevé fait toujours preuve d’une grande précision dans sa façon de parler – et sa mère est morte à sa naissance. Son père était normalien et ministre. Il a été entouré de scientifiques. Très mauvais élève, il réussit à passer miraculeusement son bac et devint le premier de sa classe de Math spé, qu’il quitte sur un coup de tête. Il partait soi-disant pour le lycée mais se rendait au jardin des Plantes où il était aide-vétérinaire ! Le cinéma était à la mode, il joue dans un film avec Michel Simon. Puis, il réalise L’Oeuf de l’épinoche, de la fécondation à l’éclosion tourné image par image. Le temps de dire “moteur” à son opérateur, il ratait toujours le début du filmage : il décide de se passer d’opérateur, de tourner et de monter lui-même.

2. Jean Painlevé parle de ses films L’Oursin (1928), La Daphnie (1928) et Caprelles (1929) dont nous voyons de longs extraits. Il aime montrer des animaux rares et curieux, les caprelles, par exemple, qui courent en bondissant au fond des aquariums. Miracle de filmer une caprelle accouchant en marche ! Painlevé filme évidemment ce qui l’intéresse, par exemple l’architecture de l’oursin, série de structures et de colonnades, mais aussi ce qu’il pense devoir intéresser le public, la parthénogénèse des daphnies par exemple. L’arrivée du parlant sonne, selon lui, le glas du cinéma qui doit passer sous les fourches caudines des mots, des acteurs. Il maintient les intertitres dans ses films. Il crée l’institut de cinéma scientifique et technique, il essaye de convaincre les chercheurs de l’intérêt du cinéma. Il raconte comment il s’est fâché avec Eli Lotar à la suite d’une erreur de développement de la pellicule et comment celui-ci, sans travail, est véritablement mort de faim. Il dira, mais dans un autre épisode, son remords.

3. Painlevé parle de son film Barbe-Bleue dont il avait commandé la musique à Maurice Jaubert qui composa dix minutes de musique foudroyante. Il parle aussi de son grand ami Jean Vigo, qu’il regrette de ne pas avoir sauvé en lui créant un rein artificiel. Puis il parle de ses films sur le bernard l’hermite (1929) et sur l’hippocampe (1934). Où l’on apprend que le bernard l’hermite a la pince droite plus grosse que la gauche. Avec un certain grossissement, on peut faire un monstre de ce charmant petit animal ! L’Hippocampe est un film qui a rapporté ce qui avait été investi. Ce qui est rare pour un court-métrage, et très rare pour un film de Painlevé. On y voit, par exemple, un mâle qui accouche, les oeufs de la femelle collés sur sa peau, dans les douleurs de la délivrance. Painlevé reconnaît avoir toujours été gêné par le fait de pouvoir s’emparer des animaux et d’en faire ce qu’il voulait sous prétexte qu’il était le plus fort. Il réalise ses premières prises de vues dans la mer grâce à un scaphandre qui lui donne dix minutes d’autonomie. Il crée le club des “sous-l’eau”, où l’on apprend la plongée.

4. Painlevé commente ses films Vampire et Solutions françaises dont des extraits sont présentés. Le vampire est une des rares chauve-souris qui marche. Il attaque les animaux à sang chaud par la patte. Avec cette patte, il fait aussi le salut hitlérien ; nous sommes en 1939 et Painlevé participe à la lutte anti-nazie. En 1945, il met sur ses images une musique de Duke Ellington à laquelle il pensait depuis longtemps. Solutions françaises est un film sur l’invention des chercheurs français (Langevin, Joliot-Curie, etc.) que Painlevé a refusé de montrer sous l’occupation allemande. Ce qui lui valut d’être condamné pour rétention de deniers publics par l’administration de de Gaulle ! Parmi ses titres de gloire, il s’enorgueillit d’avoir imposé le court-métrage à la distribution et fondé la commission supérieure technique, de laquelle il fut révoqué pour avoir assuré qu’on pouvait tourner en sonore à 16 images/seconde. Dans Assassins d’eau douce, la musique est synchrone avec les images, sans le moindre montage, de la première à la dernière note. Painlevé appelle cela hasard cosmique !

(Dominique Villain)

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