De cette “maladie inexorable”, Hervé Guibert n’a pas guéri. Le miracle qu’il avait tant espéré n’est pas advenu. Mais, avant sa mort en 1991, trois ans après avoir appris sa séropositivité, il a gravé dans son œuvre, littéraire et photographique, “les lieux de [sa] souffrance“, “les stations de [son] chemin de croix“. Corps amaigri et joues creusées, le bel homme aux cheveux bouclés qu’il fut, celui dont le regard clair irradiait les clichés de bord de mer, aura livré un combat farouche contre le sida. Une lutte de chaque instant contre la déchéance du corps, observée et commentée avec un soin méthodique dans ses romans autobiographiques, notamment « À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie » (1990) et « Le Protocole compassionnel » (1991), et dont il témoignait à la télévision sur le plateau d’Apostrophes…
Trente ans après la mort, en décembre 1991, du journaliste, écrivain, scénariste et photographe, David Teboul rend un émouvant hommage à cette figure intellectuelle et homosexuelle des années 1980, dans un documentaire composé de photographies et planches contacts, souvent inédites, d’Hervé Guibert, de films super-8 de son enfance et d’images puisées dans les quatorze heures de rushes de son transgressif film-testament « La Pudeur ou l’Impudeur », où il a visuellement mis en scène les derniers moments de sa vie.
Biographie artistique d'Hervé Guibert
1955 : Nait le 14 décembre, à Saint-Cloud (92). École primaire à Paris, puis études secondaires à La Rochelle ; il fait partie d’une troupe de théâtre : la Comédie de La Rochelle.
1973-1977 : Écrit des critiques de cinéma pour diverses revues (Cinéma, Had, Les Nouvelles littéraires, 20 ans, Combat…).
1977 : Publication de La Mort propagande aux éditions Régine Deforges. Écrit une pièce de théâtre, Suzanne et Louise, dont il donne lecture à Avignon au Gueuloir. Début de sa collaboration au service culturel du journal Le Monde avec des critiques de photographie et de cinéma, jusqu’en 1985.
1978 : Publie un livre d’entretien avec Zouc aux éditions Balland. Il fait une série de photos, Les Coulisses du musée Grévin et commence à photographier ses grand-tantes.
1979 : Exposition à la Remise du Parc : Les Coulisses du musée Grévin et Suzanne et Louise, bribes.
1979-1982 : Il collabore à la revue Minuit, dirigée par Mathieu Lindon. L’avant dernier numéro : « Une rencontre entre Eugène Savitzkaya et Hervé Guibert », Lettre à un frère d’Écriture.
1980 : Publication du roman-photo Suzanne et Louise aux Éditions Libres-Hallier. Exposition et présentation du livre Suzanne et Louise à la Galerie Agathe Gaillard. Exposition de groupe à La Rochelle : Photographier ceux qu’on aime, Carte blanche à Agathe Gaillard.
1981 : L’Image fantôme aux Éditions de Minuit. Expose à la librairie Ombres blanches à Toulouse.
1982 : Les Aventures singulières aux Éditions de Minuit. Exposition à la maison de la Presse, à Nancy. Les Chiens aux Éditions de Minuit. Voyage avec deux enfants aux Éditions de Minuit.
1983 : Les Lubies d’Arthur aux Éditions de Minuit. Avec Patrice Chéreau : L’Homme blessé, scénario, aux Éditions de Minuit. Le film représente le France au festival de Cannes.
1984 : César du meilleur scénario original pour L’Homme blessé ; exposition à la galerie Agathe Gaillard : Le Seul Visage, catalogue aux Éditions de Minuit.
1985 : Exposition de groupe à La Fundacion San Telmo, à Buenos Aires : Sueno y realidad. Des Aveugles aux Éditions Gallimard. Pour la sortie du livre, il est invité à « Apostrophes ». Fin de sa collaboration au Monde suite au licenciement d’Yvonne Baby. Il collabore à L’Autre Journal jusqu’en 1986. Des Aveugles obtient le prix de la Fondation Fénéon.
1986 : Des Aveugles est mis en scènes par Philippe Adrien dans le cadre du Festival d’Automne au théâtre de la Tempête (Cartoucherie de Vincennes). Mes Parents, aux Éditions Gallimard.
1987 : Il est pensionnaire à la Villa Médicis jusqu’en 1989. Vous m’avez fait former des fantômes, aux Éditions Gallimard.
1988 : En janvier, il apprend qu’il est atteint par le sida. Les Gangsters aux Éditions de Minuit. Mauve le vierge aux Éditions Gallimard. Accompagnant des photographies d’Hans Georg Berger, le texte de L’Image de soi ou l’injonction de son beau moment paraît aux Éditions Blake and Co.
1989 : Fou de Vincent aux Éditions de Minuit. L’Incognito aux Éditions Gallimard.
1990 : A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie aux Éditions Gallimard. Pour la sortie du livre, il est invité à « Apostrophes », le 16 mars. Tournage de La Pudeur ou l’Impudeur de l’été 1990 à mars 1991.
1991 : 16 janvier : mort de Suzanne. Exposition à la Galerie Agathe Gaillard. Le Protocole compassionnel aux Éditions Gallimard. Invité unique à « Ex-libris » le 7 mars. Vice aux Éditions Jacques Bertoin (Écrit en 1979). Mon valet et moi aux Éditions du Seuil. Préface le livre-catalogue du peintre Miguel Barcelo : Le Peintre aux métamorphoses. Carole Laure, dans son album She says move on, chante un texte d’Hervé Guibert : « Mirage Geisho ». Voyages au Japon, à la Martinique, à Bora-Bora où il écrit Le Paradis. Dans la nuit du 12 au 13 décembre, il fait une tentative de suicide, il est transporté à l’hôpital Béclère à Clamart. Il y mourra le 27 décembre.
1992 : Il est enterré le 3 janvier sur l’île d’Elbe, selon son souhait. L’Homme au chapeau rouge, aux Éditions Gallimard. Cytomégalovirus, aux Éditions du Seuil. Diffusion de La Pudeur ou l’Impudeur sur TF1 le 30 janvier. Exposition à l’Institut français de Berlin, à l’École de Nîmes et au musée de L’Elysée, à Lausanne. Le 14 juillet, mort de T… à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris.
1992-2023 : Nombreuses expositions, parutions, rééditions, spectacles et projections dans le monde entier en hommage à Hervé Guibert.