Dans les années cinquante, Réjane, Chantal, Thérèse, Hélène, Gisèle et Mimi ont été placées par l’Assistance Publique ou par un Juge des enfants dans l’un des 34 couvents « Bon Pasteur » dispersés sur l’ensemble du territoire.
Dès le premier jour de leur arrivée, elles passaient une visite médicale, endossaient un uniforme, abandonnaient tous leurs effets personnels. A l’intérieur du couvent, la vie était réglée – silence, prière, corvées de ménage ; apprentissage, travaux de repassage, blanchisserie, couture ; confection de lingerie, de gants, de couvre-pieds et de matelas… Surveillées jour et nuit, ces jeunes filles ont grandi isolées du reste de la société.
La plupart ne sont ressorties qu’à leur majorité, à l’âge de 21 ans, avec un petit pécule, un trousseau et, dans le meilleur des cas, une place de brodeuse, de coiffeuse, de blanchisseuse, de secrétaire… Pour elles, alors, tout était à découvrir. Tout était à reconstruire.