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les sentinelles de l'oubli - jerome prieur - le lieu documentaire - mois du doc en Alsace 2023 - BNU strasbourg
Mois du doc 2023 | en Alsace

“Les sentinelles de l’oubli” de Jérôme Prieur

mercredi 29 novembre 2023
à 18:30
Auditorium de la BNU, Strasbourg

Un voyage dans la France des fantômes de 1914-1918 : voilà ce que propose Les “Sentinelles de l’oubli”, consacré aux monuments aux morts présents depuis un siècle dans la moindre commune française, et qui fixent dans la pierre le souvenir d’hommes tombés sur les champs de bataille. À travers eux, c’est la mémoire de la Grande Guerre qu’exhume Jérôme Prieur dans ce documentaire sans chair ni os, mais palpitant de vie. (François Ekchajzer, Télérama, octobre 2023)

→ Une projection en avantt-première de la version longue du film, suivie d’une rencontre avec Jérôme Prieur, réalisateur proposée par Le Lieu documentaire, en partenariat avec la Bibliothèque National Universitaire dans le cadre du Mois du documentaire en Alsace 2023

Le film vient de se voir décerner le Prix du jury du documentaire inédit au Festival International du Film d’Histoire de Pessac 2023

Entrée gratuite sur réservation. Merci d’envoyer un courriel à lelieu@lelieudocumentaire

  • Jérôme Prieur
2023
  • Français
84'
  • ECPAD
  • LCP - Assemblée nationale
  • Mélisande Films

Les monuments aux morts de 1914-1918 nous sont devenus tellement familiers qu’on ne les voit plus. C’est un musée invisible qui a fini par se confondre avec les paysages de France. Et puis un beau jour, une sculpture arrête le regard, ici un soldat monte à l’assaut, ailleurs une jeune femme pleure dans un champ devant un casque… une autre histoire apparait.

C’est le projet artistique le plus ample peut-être depuis les cathédrales, un grand chantier qui va s’étendre des années 1920 aux années 1930. Les morceaux d’un récit en trois dimensions semblent avoir été dispersés à travers tout le pays, comme des rushes d’un film mis en scène dans la pierre, au moment même où le cinéma muet est en train de devenir cinéma parlant.

Les plus étonnantes de ces statues nous font entrer dans un monde parallèle, là où continuent à vivre les fantômes de la Grande Guerre.

Jérôme Prieur, à propos du film
Extrait du dossier de presse du film

L’immédiat après-guerre doit faire face au traumatisme qui touche de près ou de loin la quasi- totalité des familles françaises. Le « théâtre des opérations » reste largement inimaginable pour ceux qui ne l’avaient pas fréquenté. Le travail des sculpteurs a consisté à remplir ce vide.

Il y a des entreprises funéraires qui produisent des statues en série. On peut les choisir sur catalogues, et elles ont l’avantage de pouvoir être livrées assez rapidement. Mais l’inconvénient c’est qu’elles permettent pas à la commune qui les commande de se distinguer, de faire preuve d’originalité. Alors, comme tout se décide à l’échelon de la commune (avec les discussions que l’on peut imaginer, la concurrence que l’on suppose entre les entreprises petites et grandes, entre tous les artisans qui s’intéressent au chantier), des sculpteurs de la région répondent à des concours. Mais certaines villes préfèrent faire appel à des artistes reconnus comme Paul Landowski, Maxime Real Del Sarte, Félix Desruelles, Paul Dardé, Gaston Broquet que j’admire particulièrement.

 

En dehors des oeuvres patriotiques qui veulent avant tout magnifier la rhétorique de la victoire, ces sculptures cherchent à rendre visible ce qui n’était pas racontable ou pas supportable : la guerre, l’attente, la souffrance, l’épuisement, l’endurance… D’autres monuments prennent en charge la douleur des proches, ils mettent en scène les funérailles qui n’ont jamais eu lieu.

Les femmes et les enfants y assistent, contrairement à ce qui s’est passé en réalité.

Il s‘agit de raconter l’histoire de ce chantier mais surtout, pour paraphraser Alain Resnais (ses premiers films étaient des essais, des documentaires), je dirais que les statues ne meurent pas. Ce sont des images et des scènes qui nous relient au passé, d’autant plus qu’on croit ne pas les avoir remarquées. Ces monuments contiennent pour moi comme un noyau radioactif. Ils nous prouvent que les morts peuvent être encore vivants. Pour cela, il faut jouer avec l’imaginaire du spectateur, avec ses émotions, avec sa mémoire, avec son imagination. C’est le défi du cinéma de réveiller ce monde endormi, de permettre d’explorer d’autres vies que la nôtre.

Extrait d’un entretien avec Jérôme Prieur par François Ekchajzer (Télérama, octobre 2023)

Un voyage dans la France des fantômes de 1914-1918 : voilà ce que propose Les Sentinelles de l’oubli, consacré aux monuments aux morts présents depuis un siècle dans la moindre commune française, et qui fixent dans la pierre le souvenir d’hommes tombés sur les champs de bataille. À travers eux, c’est la mémoire de la Grande Guerre qu’exhume Jérôme Prieur dans ce documentaire sans chair ni os, mais palpitant de vie.

Qu’est-ce qui vous a fait vous intéresser aux monuments aux morts ?

Adolescent, j’ai voulu écrire un livre autour des poilus. Heureusement, je ne l’ai pas fait ; je n’étais pas de taille. Pour autant, cette idée ne m’a pas quitté et, quand le centenaire est arrivé, j’ai écrit La Moustache du soldat inconnu, paru au Seuil en 2018. J’aurais pu envisager un film à partir d’images qui s’y trouvent ; mais, le livre étant là, j’ai préféré me lancer dans tout autre chose. Étant sensible à ces « morts-vivants » que sont les statues, j’en suis venu à envisager un film qui se concentrerait sur elles, qui ne les quitterait pas. Cela peut paraître insensé, mais j’étais convaincu qu’en en filmant beaucoup, ces monuments allaient vivre.

De la scène du Voyage en Italie de Roberto Rossellini, tournée au musée archéologique de Naples, aux Statues meurent aussi, de Chris Marker et Alain Resnais, le cinéma est parvenu plus d’une fois à saisir la présence magnétique des statues. Comment avez-vous procédé ?

Ces monuments aux morts sont très nombreux, plus encore que les trente-six mille communes de France où l’on en trouve – certaines pouvant en compter deux. Tous n’étant pas spectaculaires, un gros travail de sélection et d’élimination a été nécessaire. Il a bénéficié du fait que j’en photographie depuis longtemps. Je connaissais aussi l’exposition qui leur a été consacrée aux Rencontres photographiques d’Arles, en 2014. J’ai consulté des monographies et découvert tardivement qu’à l’université de Lille une certaine Martine Aubry (rien à voir avec la maire) avait lancé une baserecensant les monuments aux morts en France et en Belgique. Notre choix fait, nous sommes allés tourner sur quatre saisons dans l’Est, le Nord et le Sud-Ouest, par sessions de huit jours.

Lire la suite sur le site de Télérama

 

jerome prieur - le lieu documentaire

Jérôme Prieur est un cinéaste et écrivain  français.

Il est l’auteur d’une vingtaine d’essais, d’un roman et de nombreux films documentaires, pour la plupart en rapport avec l’histoire.

Il a reçu en 2014 et en 2022 le prix du documentaire décerné par l’Association française des critiques de cinéma et de télévision.

Outre Corpus Christi et les grandes séries sur la naissance du christianisme réalisées avec Gérard Mordillat, on peut citer Hélène Berr, une jeune fille dans Paris occupé, Prix du meilleur documentaire de télévision remis par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma et Ma vie dans l’Allemagne d’Hitler à partir d’une enquête lancée par Harvard à l’été 1939, qui a été montré dans de nombreux pays. 

En 2023, il réalise Les sentinelles de l’oubli

Il est également l’auteur d’une vingtaine de livres, dont La Moustache du soldat inconnu (Seuil, collection La librairie du XXIe siècle, 2018)

(Source : RDV Histoire)

Consulter l’ouvrage Où est passé le passé de Jérôme Prieur et Laurent Olivier

En écho, une sélection de films à consulter dans notre vidéothèque

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