Comment saisir à mains nues la pensée la plus volcanique du siècle ? Comment approcher par le film ce qui se dérobe à toute approche ? Comment le cinéma – “art de l’image”, dit-on – peut-il accueillir et laisser vivre les images inadmissibles qui tissent des récits tels que “Madame Edwarda” et “Le Mort” ?
Bref, comment parler de Georges Bataille, écrivain français majeur, dans un film quand on sait ce film impossible ?
L’avis de Tënk
« Maniant avec talent et précision l’art de parler du travail d’un autre, André S. Labarthe signe ici un film qui échappe à l’ordinaire style illustratif du genre biographique et invente une enquête au commentaire érudit.
Questionnant autant la position du cinéaste que le mystère de l’écrivain, ainsi que la pensée radicale et sensible de Bataille, S. Labarthe nous donne à voir les motifs obsédant de l’auteur au travers des principaux lieux qui ont marqué son itinéraire de vie et de pensée. – Line Peyron, productrice.
Il s’agit des notes prises au jour le jour par André S. Labarthe durant la préparation et la réalisation d’un film consacré à Georges Bataille.
À travers ces écrits, qui se présentent comme un cahier d’écolier, se devine une pensée qui s’attarde déjà sur quelques aphorismes et interrogations absurdes ou existentielles.
Sans occulter quelques obsessions que l’on retrouve dans la réflexion esthétique d’André S. Labarthe. | Voir sur le site de Chicmédias, l’éditeur
LABARTHE Limelight
Chroniques et entretiens, 1992-1997 (Médiapop éditions)
De décembre 1991 à l’été 1997, la revue Limelight a exploré avec impertinence les sentiers de la culture contemporaine (60 numéros). Un format à l’italienne, celui du grand écran, un look référenciel jaune et noir, entre les Cahiers et la Série noire… une volonté de s’affranchir le plus possible de l’actualité et du discours critique au profit de la diversité, des rencontres.
André S. Labarthe était une des figures les plus singulières, les plus inclassables de la critique et du cinéma français.
Comme l’écrit Jacques Henric dans Art Press : un homme et une revue étaient faits pour se compromettre : ASL et Limelight. Une revue de cinéma ce sobre cahier qui paraît tous les mois à Strasbourg ? Si on veut, mais habitée par la littérature, la musique, la peinture… Bien impure, donc. Et donc toute prête à se compromettre encore un peu plus avec un des regards – je veux dire bien sûr, une des écritures les plus impures de notre temps.
Durant plusieurs années, ASL a donné à la revue une chronique participant à la fois de la critique, du journal intime, de la correspondance suivie. C’est la première fois qu’il s’engageait ainsi dans une collaboration éditoriale à laquelle il ne manqua jamais. Un premier texte qui touche volontairement à plusieurs domaines : théâtre, photographie, cinéma, fétichisme. De manière à bien marquer que cette chronique ne sera pas exclusivement vouée au cinéma. Une chronique insolite qui passe par la conversation, la correspondance, les notes et fragments, les aphorismes, les entretiens.
Au générique : les frères Lumière, Alfred Hitchcock, Orson Welles, Shirley Clarke mais aussi Georges Bataille, Roy Liechtenstein, Saul Steinberg… des entretiens avec Jean-Luc Godard, Martin Scorsese, Joseph Losey, Alain Cuny… Et pour finir un entretien avec Paul Gégauff, compagnon oublié de la Nouvelle Vague. Les Cahiers du Cinéma préfèrent laisser cet entretien – réalisé en 67/68 par ASL, Jean Eustache et Bernadette Lafont – dans les tiroirs pour ne pas s’attirer d’ennuis. À la lecture hilarante on comprend pourquoi : on y découvre la croustillante petite histoire, pas très respectueuse de la Nouvelle Vague.
Bruno Chibane
André S. Labarthe (1931-2018).
Ce critique, producteur, réalisateur et scénariste français est décédé en mars 2018. Après avoir commencé sa carrière de critique cinématographique dans les années 1950, il rejoint la rédaction des Cahiers du cinéma en 1956.
En 1964, il entame la collection « Cinéastes de notre temps », qu’il coproduit avec Janine Bazin, dont il réalisa lui-même plusieurs épisodes.
André S. Labarthe demeure avant tout un critique cinématographique : qu’il s’emploie à exercer son métier dans ses articles ou derrière une caméra, c’est toujours dans un esprit d’analyse et de mise en perspective.
En 1994, « Le Bon plaisir » consacré à André S. Labarthe propose des dialogues entre le cinéaste et Sophie Calle, Claude Régy, Chantal Akerman, Patricia Mazuy, Jacques Henric, Gérard Titus-Carmel parmi d’autres. L’émission diffuse également des témoignages de Janine Bazin et Patricia Finaly. Écouter l’émission.
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