Une nouvelle génération politise les enjeux autour du corps, de la sexualité et des rapports de genre. Pour deux amies, Nina et Yéléna, cela commence par une prise de conscience.
Avec quelques autres, elles se demandent pourquoi, dans une société qui prétend que l’égalité des sexes est déjà là, l’accès au plaisir est si difficile. Elles organisent des groupes de parole, découvrent « Notre corps, nous-mêmes », un manuel féministe historique qui leur ouvre de nouvelles portes d’analyse. Elles vont à la rencontre d’enseignantes, éducatrices, sociologues pour tracer pas à pas ce qui finira par être un vrai plan d’attaque.
De plus en plus impliquées dans les luttes qui se soulèvent partout, au cœur de ce mouvement féministe qui déferle, elles découvrent un plaisir jusqu’ici insoupçonné, celui de poursuivre une émancipation collective. Le plaisir d’abolir le patriarcat, tout simplement.
INTERVIEW DE NINA FAURE, RÉALISATRICE, ET DE YÉLÉNAT PERRET
Sur près d’une décennie, Nina Faure et Yéléna Perret ont vécu de l’intérieur la montée du mouvement féministe. Le documentaire, filmé à travers le prisme de leur amitié, chronique cette aventure intime et politique.
Entretien mené par la journaliste Mathilde Blézat*. (à lire intégralement dans le dossier de presse)
Mathilde Blézat : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce film ?
Nina Faure : Au tout départ, c’est la découverte d’une video en ligne sur l’anatomie du clitoris, en 2013. Elle montrait que notre plaisir venait de là et que cette histoire de femme vaginale, c’était un mythe. Ça a été une illumination! Je me suis mise à en parler à qui voulait l’entendre. Non seulement personne de mon entourage n’était au courant, mais ça déclenchait des discussions avec mes amies, où on remettait en question ce qui se passait dans nos vies sexuelles.
À chaque fois je me disais « il faut absolument filmer ça, que d’autres gens entendent ce qu’on dit, là ».
Yéléna Perret : Il y avait un énorme décalage entre ce qui était représenté, dans les films par exemple, et ce qu’on vivait. D’un côté on avait ces représentations souvent très romantisées de la sexualité avec l’idée que quand on s’aime, tout se déroule « naturellement », on se passe de mots, on se laisse aller et on a du plaisir… De l’autre côté, il y avait des documentaires sur l’orgasme très cliniques, ou encore des recettes dans les magazines pour « atteindre l’orgasme ». Et nous, en discutant, on se rendait bien compte que ce n’était pas si simple, que quand on parlait de sexualité, il y avait aussi beaucoup de choses moins roses qui allaient avec. Il manquait cette parole qu’on n’entendait nulle part. Et puis on a trouvé des archives du cinéma féministe des années 1970. Je suis tombée des nues en voyantà quel point les prises de position de certaines militantes étaient actuelles : elles avaient déjà discuté de ces mêmes problèmes et réfléchi à tout ça. Et pourtant, elles ont été complètement invisibilisées. C’est pour cela qu’il était important de donner à voir des récits qui partent de nous et de nos vécus.
*Mathilde Blézat est journaliste (Revue Z, Panthère Première, Média’Pi ,! La Déferlante) et autrice (Notre corps, nous-mêmes; Pour l’autodéfense féministe).

Nina Faure est réalisatrice de documentaires et autrice. Elle documente et participe aux luttes féministes, avec ses courts-métrages « Paye (pas) ton gynéco », sur les violences gynécologiques, et « Anatomie Autonomie », sur un atelier d’auto-observation.
Elle a co-écrit au sein d’un collectif d’autrices, le manuel « Notre corps, nous-mêmes ». Elle a co-réalisé avec Pierre Carles « On revient de loin – Opération Correa 2 ».
En 2023, elle sort son second long-métrage, « We are coming, chronique d’une révolution féministe », produit par Annie Gonzalez et C-P Productions. Ce film s’est vu décerner une Étoile de la scam.
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