Imagine-t-on qu’un architecte, jeune, « officiel » puisque « Architecte en Chef des Bâtiments civils et Palais nationaux », puisse mener une double vie ? Construire la Stella Matutina, fort belle église de Saint-Cloud, un théâtre en Normandie, un quartier entier à Auxerre, etc. et se réfugier chaque fois qu’il le peut, dans le petit village de Dicy (Yonne), pour y façonner, à partir de matériaux de récupération, de gigantesques personnages bedonnants, hilares, érotiques, rabelaisiens, en somme ; auxquels il donne entre autre le nom de « Turbulents » ?
Tel est le cas d’Alain Bourbonnais qui serait peut-être demeuré un créateur solitaire à ses moments perdus, s’il n’avait lu dans Le Monde, une chronique lui apprenant l’existence d’une Collection de l’Art Brut ; les problèmes rencontrés par Jean Dubuffet, fondateur de cette collection ; l’impossibilité de l’intégrer au patrimoine culturel français, et l’obligation subséquente d’en faire don à un autre pays, la Suisse en l’occurrence.