The Wild One

  • Tessa Louise-Salomé
2017
94min

Synopsis

Petit garçon des Carpates rescapé de la Shoah, déraciné à New York, metteur en scène à succès, poumon de l’Actors Studio, directeur d’acteurs visionnaire, protégé d’Hollywood mais aussi exilé, conspué, oublié, Jack Garfein a vécu plusieurs vies.

« The Wild One » fait découvrir la vision du monde d’un homme dont la vie entière fut tournée vers l’idée que la création artistique est un acte de survie.

Mots clés : 
  • Antisémitisme
  • Artiste
  • Cinéma
  • Création artistique
  • Guerre de 39-45
  • Portrait
  • Théâtre

Petit garçon des Carpates rescapé de la Shoah, déraciné à New York, metteur en scène à succès, poumon de l’Actors Studio, directeur d’acteurs visionnaire, protégé d’Hollywood mais aussi exilé, conspué, oublié, Jack Garfein a vécu plusieurs vies.

« The Wild One » fait découvrir la vision du monde d’un homme dont la vie entière fut tournée vers l’idée que la création artistique est un acte de survie.

Extrait d’un entretien avec Tessa Louise-Salomé, réalisatrice (l’entretien intégral est à lire dans le dossier de presse)

Comment cette rencontre avec Jack Garfein, et le film que vous avez fait, ont-ils eu
une influence sur vous en tant que cinéaste ?

Avant tout, il y a eu le choc de la rencontre. Sa voix, sa gestuelle, ses expressions, son incroyable énergie : c’était un homme fascinant et un époustouflant conteur. Quand
tu filmes quelqu’un pendant des années – que tu creuses dans toutes les directions pour
essayer de comprendre ses choix, son parcours – tu fusionnes un peu avec ton personnage. Et puis tu trouves des points communs, des accroches, qui permettent de t’y retrouver.

Pour moi, ça a été, entre autres, la créativité et le sens du défi. Cela me fait penser à une phrase d’Henry Miller qui avait écrit un beau texte sur lui, « He is tenacious as a bulldog, a perfectionist – no letting go until a thing has been mastered. He is also possessed of great tenderness as well as reverence. » « Il est tenace comme un bulldog, perfectionniste – il ne lâche rien tant qu’il n’est pas allé au fond des choses. Il est également doté d’une grande tendresse et d’un grand respect. »

Ce sont, je pense, les ingrédients qu’il faut pour être un bon cinéaste.

Après, son désir de liberté est à la racine de sa trajectoire personnelle et des sujets de ses films, autant que de sa façon de les traiter. C’est le ressort intime de ses multiples secrets : secret de ses différentes identités, de sa survie, de son énergie créatrice, mais aussi secret de sa disparition. Cette propension permanente au trouble est au centre de son histoire et traverse aussi mes films et relie ma vie à la sienne.

Le film raconte à quel point l’histoire personnelle de Jack Garfein a eu une incidence sur sa carrière de cinéaste, et a mené à la censure de ses films. En quoi cette histoire vous semble-t-elle pertinente par rapport à l’industrie du cinéma de nos jours ?

Je pense que son refus de faire des compromis n’incarnait pas seulement un engagement artistique, c’était aussi un engagement moral. Lorsqu’il est arrivé aux États-Unis, après avoir été libéré des camps, il a été profondément choqué par la ségrégation.

C’est cette réalité qu’il a tenu à aborder dans « The Strange One » où il a voulu évoquer le sort des populations noires dans le sud des Etats-Unis, lieu de tournage du film.

Le studio le lui a interdit, il a tenu bon et a quand même filmé et monté les séquences incriminées. Mais ça lui a coûté cher : la censure du film et l’annulation du contrat de dix films signés avec la Columbia.

Jack nous apprend que résister à la censure implique de toujours rester vigilant, et de ne jamais penser qu’une page est définitivement tournée. La censure prend aujourd’hui une forme très différente, parfois plus sournoise qu’à Hollywood dans les années 1950, mais on revient toujours à devoir déterminer ce que nous choisissons d’observer en tant que société et le discours que nous choisissons d’avoir. Est-il possible d’obtenir un réel changement en imposant de nombreuses contraintes et des règles ? Je ne pense pas.

Ce qui compte le plus est de savoir qui se retrouve dans le fauteuil du réalisateur, qui est installé dans celui du scénariste ou dans ceux des producteurs. C’est là que l’industrie se doit d’être plus ouverte et tolérante, afin que les personnes les moins représentées puissent également devenir celles qui racontent les histoires.

Willem Dafoe a une voix aussi extraordinaire qu’emblématique. Qu’est-ce qui vous a
amené à le choisir comme narrateur du film ?

C’est au début de « The Wild One », alors que nous étions encore en train d’écrire le scénario, que j’ai su que Dafoe serait mon premier choix pour la narration. C’est après avoir vu le film indépendant « Sculpt » de Loris Gréaud que j’ai été quasi-obsédée par sa voix, par sa puissance presque hypnotique, sa richesse, par la façon dont elle emplit l’espace puisque dans ce film, elle était particulièrement entêtante. Ce fut une belle expérience de travailler avec Willem.

Il a su insuffler dans « The Wild One », un équilibre à la narration, tout en restant attentif aux plus subtils changements de rythme ou de nuances d’émotions afin de transmettre au mieux l’histoire de Jack. C’est bien sûr un maître de son art, mais il est aussi incroyablement humble et simple : c’était un bonheur de travailler avec lui.

Tessa Louise-Salomé - The Wild One - le lieu documentaire - festival vrai de vrai 2025 - strasbourg

« SI JACK GARFEIN N’AVAIT PAS EXISTÉ, HOLLYWOOD L’AURAIT INVENTÉ ! »
Orson Welles

Tessa Louise-Salomé - The Wild One - le lieu documentaire - festival vrai de vrai 2025 - strasbourg1

Tessa Louise-Salomé est scénariste, réalisatrice, et productrice. Elle fait ses débuts en tant qu’assistante à la mise-en-scène (notamment auprès de Xavier Beauvois), et monteuse.

En 2006, elle crée Petite Maison Production avec la productrice et réalisatrice Chantal Perrin, qui permet la naissance de nombreux projets : documentaires, fictions, films d’art, ainsi que l’élaboration de ses propres réalisations.

Ses projets personnels s’orientent vers l’observation du processus créatif.

Elle réalise et produit des films d’art et des portraits d’artistes pour les galeries Beaubourg, Emmanuel Perrotin, Kamel Mennour et Thaddaeus Ropac; en collaboration
avec, ou pour des artistes et cinéastes tel que Cindy Sherman, Francisco Vezzoli, Fabien Chalon, Terence Koh, Sophie Calle ou encore Caroline Champetier.

Après « Drive in Holy Motors » (2013), un documentaire sur la naissance du film de Leos Carax, elle réalise son premier long-métrage documentaire, « Mr. X, le Cinéma de Leos Carax » (2014), une incursion dans l’univers étrange et poétique du réalisateur français. Le film est sélectionné en compétition au festival de Sundance, aux ÉtatsUnis la même année. Elle réalise par la suite le documentaire « Il était une fois…Mommy » (2017), sur le film de Xavier Dolan, dans la collection « Un film, une époque » pour ARTE.

Elle se consacre également à des œuvres politiquement engagées, en produisant «Illegal Love» (2011), film sur l’activisme en faveur des droits des homosexuels (Queer Palm – Festival de Cannes), ainsi que le film de Nicolas Premier « The Tears that Touch the Sun » (2022) sur l’héritage colonial européen.

Son prochain film, qu’elle réalise et produit, « The Wild One » (2023), narré par Willem Dafoe, allie cet intérêt pour les questions politiques avec sa volonté d’explorer le processus artistique, en retraçant la vie de Jack Garfein, survivant de l’Holocauste, metteur en scène et figure majeure de l’Actors Studio. Le film reçoit le prix de la meilleure photographie au Festival du film de Tribeca 2022.

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