Un groupe de douze personnes, que la presse a unanimement présentées comme des sans-abri, a participé au projet de Jochen Gerz “Les Mots de Paris”, dont l’un des objectifs était de réinvestir l’espace public. Étapes par étapes, Anne Frese et Chanel Seguin suivent la préparation et la réalisation de l’oeuvre sur le parvis Notre-Dame, en relatant aussi les doutes et les controverses qu’une telle entreprise, parrainée par la Mission 2000, a suscités. Pendant plusieurs mois, les réunions du groupe ont connu différentes phases. Tout d’abord, un travail de réflexion et d’écriture où les intervenants discutaient et élaboraient des stratégies pour récupérer l’argent nécessaire à l’élaboration du projet, parmi lesquelles la rédaction de tracts (“Come and see my life”) ou la manche collective dans le métro, conçue comme un acte théâtral. Sur le parvis de Notre-Dame ensuite, les participants ont proposé aux passants et touristes de s’asseoir une minute pour parler avec eux. Pour certains, sans travail et sans domicile depuis longtemps, c’était une reprise de contact avec les “vivants”. La réalisation finale était constituée d’un abribus et d’une grande boîte de verre au sol où l’on pouvait lire un texte écrit en commun. Les passants étaient invités à y déposer de l’argent pour l’élaboration d’un programme de réinsertion.
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