L’affiche du film n’intrigue pas moins que son titre… On y voit un pare-brise de voiture sur lequel figure le mot IXAT… Après la séquence d’ouverture, petit chef d’oeuvre de comédie, dans laquelle on découvre les mille et une astuces anti-vol qui protègent une vieille voiture, vient une autre promenade dans une autre voiture, à peine moins délabrée. On comprendra vite que le mot mystérieux correspond u panonceau TAXI, vu de l’intérieur. Au-dehors, c’est le rythme fou de la très grande ville de Lima, suggéré par l’intensité de la circulation, le bruit des klaxons, les feux rouges qui font surgir à chaque carrefour une foule de gamins proposant les marchandises les plus diverses, dont le fameux autocollant IXAT. Au-dedans, c’est l’intensité de rencontres renouvelées, fragiles parce que le fruit du hasard, mais éternelles, parce que le souvenir ne vous lâchera plus. Dans un pays à l’économie ruinée, en proie à la guerre civile et où les salaires sont dérisoires, le taxi représente, pour ceux qui ont la chance de posséder encore un voiture et qui sont officiellement professeurs d’université ou hauts fonctionnaires, un petit boulot supplémentaire qui rapporte de quoi survivre. Jamais d’apitoiement ou de complaisance, une infinie dignité, la résistance du métal sans sa dureté. Comme l’a écrit un poète espagnol, le Pérou est fait « de métal et de mélancolie ».