Le sociologue Jean Baudrillard oppose au principe consensuel de la mondialisation « l’indifférence radicale » de l’écriture, sorte de résistance à un monde où tout est programmé. L’architecte Jean Nouvel a choisi lui aussi de bousculer la convention, arrachant des espaces de liberté créatrice aux différentes contraintes et censures qui bornent son travail. Comment résister au nouvel ordre mondial qui désintègre la citoyenneté ? […] Comment l’architecte peut-il agir sur la transformation d’un monde où l’esthétisation générale de tous les comportements et de toutes les structures l’a emporté ? Nouvel déstabilise la commande architecturale : illusions d’espaces et dématérialisation de la construction visent à abuser nos sens. « Affirmer sa singularité en recherchant le plaisir du lieu, en révélant le monde de manière plus poétique », déclare-t-il désenchanté. « Faire du rien ce qu’il y a à voir, pratiquer un art de la disparition irréductible à toute esthétisation », ajoute le sociologue pessimiste ! (Annick Spay)