Georges Rouquier est “une référence essentielle dans l’aventure de l’anthropologie visuelle” du monde paysan. Deux films, Farrebique et Biquefarre, tournés l’un en 1946, l’autre en 1983, sur les mêmes lieux et avec les mêmes personnages, montrent l’évolution de la vie rurale française. Les propos du cinéaste alternent ici avec les témoignages de ses acteurs et des extraits de ses films.
Georges Rouquier (1909-1989) est un enfant du pays. Très influencé par Flaerty, il reconstitue la vie de ce village avec pour acteurs ses habitants et porte sur la ruralité un regard de l’intérieur. En cinquante ans, celle-ci a beaucoup changé : le village se vide, la porte de l’église reste fermée, à la solidarité ancestrale se substitue la mécanisation. La mise en parallèle des deux films fait ressortir les écarts. Mais c’est surtout le point de vue des paysans-acteurs qui est ici révélateur : dans un monde où les médias ne donnent de leur vie qu’une pauvre représentation, l’expérience cinématographique aura été pour eux l’occasion d’une prise de conscience revalorisante et aura parfois favorisé des changements dans leurs pratiques. Le documentaire de Jean Arlaud et Phillipe Haudiquet est un hommage au travail de Rouquier.
(Nathalie Magnan)