Une approche intimiste et mystérieuse du lieu où vit Eugène Leroy (1910-2000), Petit Wasquehal, dans la région de Lille, donne par petites touches l’atmosphère de son travail. L’absence d’exhaustivité et de théorie propose ici une rencontre « brute » avec un être qui parle de son passé, sans en restituer les liens. Avec la présence, les photographies et les vidéos de Marina Bourdoncle, compagne du peintre.
Bribes de vie : la vocation dès 16 ans pour peindre dans une vitre (Le Jeune Homme à la vitre, 1927). Le miroir présente-t-il l’autre, vu à travers soi-même (Autoportraits, 1960-1986) ? Promenade du chien. Leroy feuillette Blake et Rembrandt. Dans l’atelier, la caméra découvre la matière des toiles. Une main sur un fauteuil. Le chien dort. À travers Rembrandt, les yeux de Valentine, seul souvenir de celle dont il a peint le corps pendant quarante ans, reviennent au peintre. Qu’est-ce que l’amour ? Les yeux d’une petite fille dans un tramway. Dans la pénombre, les toiles entassées sont de grandes palettes scintillantes. « Par le désordre, on arrive à un certain ordre. Qu’est-ce que l’ordre ? C’est l’effet obtenu d’éléments désordonnés qui se mettraient à chanter juste. »
(Christine Rheys)