En 1957, l’URSS crée une expérience-phare : un centre de production intellectuelle et non pas industrielle. Akademgorodok, véritable ville en pleine Sibérie, est un véritable paradis socialiste qui rassemble les gens les plus cultivés et les savants. Ce document complexe rend compte de la richesse culturelle russe, de l’influence de la politique communiste sur la recherche et les sciences. Pour l’un des savants, la dimension professionnelle a dominé la vie de l’académie en faisant disparaître toute possibilité d’intuition. “On pensait qu’on pouvait tout diriger, il suffisait de nous donner un but et nous inventions le chemin optimal. Mais un but unique, c’est le fascisme, et la science ne peut être réduite à une dimension utilitariste.” 40 ans après, scientifiques et intellectuels, tous désabusés, exposent leur vision pessimiste de cette expérience. Les problèmes financiers que traverse la Russie aujourd’hui n’ont fait qu’empirer les choses : fuites des cerveaux à l’étranger, démission des instances dirigeantes, abandon des programmes, effondrement des laboratoires. Ceux qui restent doivent cultiver leur jardin pour subsister. A l’agonie, l’académie est à la merci des contrats de l’Ouest.