1 rue Angarskaia

  • Rostislav Kirpičenko
2025
70min

Synopsis

Disponible en consultation gratuite sur place

« Le 24 février 2022, je me suis réveillé dans mon appartement parisien : l’Ukraine est envahie à grande échelle par la Russie. Dix mois plus tard, je traverse l’Ukraine jusqu’à Dnipro, la ville où j’ai grandi, à une centaine de kilomètres du front, pour essayer de retrouver les souvenirs de ma vie passée. » — Rostislav Kirpičenko

Mots clés : 
  • Autoportrait
  • Conflit russo-ukrainien
  • Mémoire
  • Ukraine

« Le 24 février 2022, je me suis réveillé dans mon appartement parisien : l’Ukraine est envahie à grande échelle par la Russie. Dix mois plus tard, je traverse l’Ukraine jusqu’à Dnipro, la ville où j’ai grandi, à une centaine de kilomètres du front, pour essayer de retrouver les souvenirs de ma vie passée. » — Rostislav Kirpičenko, réalisateur.

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« Pour Rostislav Kirpičenko, aller faire un film en Ukraine est un trajet sans grandes figures, sans grand narratif, c’est simplement prendre la route du retour à l’enfance. Faussement simple bien sûr, parce que c’est la guerre, et qu’en allant vers son passé, le cinéaste traverse un présent tellement inquiet qu’il lui souffle déjà à quel point sans doute, le futur ne lui appartiendra plus. Il ne reconnaît pas les rues, les visages, ici les choses changent profondément, les disparitions sont trop lourdes et nombreuses.

Quel lien reste-t-il entre le cinéaste et son pays ? À quoi ces gens qui se retrouvent dans ses cadres se sont habitués auquel ce regard ne s’habituera pas ? Des visages deviennent un peu plus familiers, d’autres restent étrangers, regardés de loin.

Le cinéaste filme son pays, sa ville, ses amis avec une distance profonde. Le film se peuple des silhouettes des passants entrevus, filmées à travers les fenêtres. La guerre est là, dans la manière même de regarder. Mais ce qui affleure malgré tout, sous l’alerte aérienne, sous la rumeur sourde des disparitions, c’est aussi un attachement profond pour les choses telles qu’elles furent, pour ces ruines habitées. La voix mécanique que le cinéaste choisit d’utiliser pour nous accompagner à travers son voyage dit sans dire : écran à une émotion qui ne peut être effacée. Une tristesse immense, un monde qui bascule, l’amour qui persiste à travers ce tout a changé. Reste à trouver la justesse. »

Clémence Arrivé Guezengar – Cinéma du réel

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Débat autour du film « 1 rue Angarskaia » avec Rostislav Kirpičenko, en dialogue avec Alexander Bikbov, sociologue, chercheur associé au centre d’études russes, caucasiennes, est-européennes et centrasiatiques CERCEC (CNRS/EHESS), ainsi que Loïc Magon de La Villehuchet, étudiant en cinéma.

Entretien avec Rostislav Kirpičenko, réalisateur (extrait)

« Je suis parti sur un coup de tête. Je faisais encore mes études et donc j’avais un mois où je pouvais m’absenter. Je suis parti juste comme ça. J’ai appelé ma productrice qui m’a donné de l’argent pour ça.

Après, au montage, on a mis beaucoup de temps pour trouver la structure. Au départ, je ne voulais pas que ce soit quelque chose de personnel. Mais on s’est rendu compte qu’il y avait une vraie absence de point de vue dans le film, parce qu’il y avait beaucoup de personnages. Au fur et à mesure du montage, on a compris qu’on devait trouver une autre dramaturgie. On est donc repartis sur le moment de la préparation du film. Tout ce que je raconte en voix off, c’est les choses telles qu’elles se sont passées. Le film qui est en train de se faire fait partie du film.

Ce que je raconte, ce sont toutes mes motivations, mes questionnements du début : revenir en Ukraine, s’engager ou non. Comme je le dis dans le film, je n’avais pas assez de courage pour tout lâcher. Faire le film, c’était aussi une manière de m’approcher du sujet, de m’imprégner très concrètement de ça. Je ne me sentais pas à l’aise avec le fait de rester complètement à distance et de ne pas avoir vu ça de mes propres yeux. C’est pour ça que je suis parti, mais je ne savais pas ce que j’allais tourner. C’était vraiment ce que j’attendais du film. Je me disais « je vais me débrouiller sur place, je vais trouver les fils qui manquent. »

Tout ce que je raconte, ce sont mes souvenirs. Parfois je prenais des notes, ou il y avait des phrases qui se formaient dans ma tête. C’est un film qui n’a pas été écrit du tout. Je connaissais juste le trajet, la trajectoire que j’allais parcourir. »

La guerre est centrale dans le film. Est-ce que réaliser un film est apparu pour vous comme un moyen de réagir face à cette situation  ? 

Je ne suis pas sûr, parce qu’il y avait quelque chose de plus. Je suis un peu mal à l’aise avec le choix des mots, mais j’ai l’impression qu’il y a quand même une approche qui était aussi quelque part un petit peu poétique.
J’ai l’impression que je me place du côté de la poésie, si je peux utiliser ce mot concernant ce genre d’événement, avec une réflexion sur le héros lyrique, qui est moi-même. Et j’ai l’impression que la notion d’action et de réaction vient ici de la poésie. 

Il y a quelque chose qui est plus de l’ordre de l’observation de la réalité. Une sorte de consolation aussi, face à quelque chose qui n’est plus là. Quelque chose qui disparaît. Quelque chose qu’on ne peut pas retenir. Donc non, ça n’était pas une réaction. Mais dans le film, je le dis, ça n’est pas une vraie manière de me pardonner quoi que ce soit. 

Lire l’interview intégrale

Propos recueillis par Marguerite Buxtorf (Blog du Cinéma du réel / Club de Médiapart)

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Rostislav Kirpičenko est né en Lituanie. Enfant, il revient en Ukraine avec sa famille. Il entame une carrière de footballeur professionnel qui l’amène d’abord en République Tchèque et ensuite en Allemagne.

En 2016, Rostislav met un terme à sa carrière de footballeur et s’installe à Paris où il fait des études de lettres modernes avant d’intégrer le département réalisation de la Fémis. 

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