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Moment Wiseman

« Wiseman USA » de Michel Gayraud

jeudi 30 janvier 2025
à 18:30
Le Lieu documentaire, Maison de l'image, Strasbourg

Projection du film « Wiseman USA » de Michel Gayraud (52 mn) dans le cadre de notre « Moment Wiseman« .

Entrée libre et gratuite 

Dans le cadre du « Focus Wiseman », le Lieu documentaire organise une journée scolaire, mardi 4 février 2025 au cinéma Cosmos. Encadrés par Arnaud Hée, critique de cinéma (Bref, Critikat) et membre du comité de sélection du festival Cinéma du réel, les élèves et leurs professeur·es exploreront deux œuvres majeures de Frederick Wiseman : « High School » et « Basic Training ». Enseignant à la Fémis et expert en éducation à l’image, Arnaud Hée guidera l’analyse du travail de Wiseman.
Trois classes « option cinéma » y participent d’ores et déjà. Il reste toutefois quelques places. Si vous souhaitez participer à cette « Journée Wiseman » avec vos élèves, merci de contacter Alex Claude coordination(@)lelieudocumentaire.fr ou 03 88 23 86 51

Information pratique : Le Lieu documentaire est accessible aux personnes à mobilité réduite.

  • Michel Gayraud
1985
  • Anglais
52'
  • Video Ciné Troc

Ce film présente Frederick Wiseman à sa table de montage, où son humeur créatrice est plus égale qu’au tournage : moins de hauts et de bas, dit-il. Entre deux colures, il explique sa façon de travailler et de penser les destinataires de ses documentaires sur les institutions américaines. De nombreux extraits de ceux-ci sont insérés, subtilement, dans le montage.

Wiseman montre ce qui se passe, par exemple, à l’intérieur de l’armée ou de l’hôpital. Nous assistons à des scènes impressionnantes : malade qui vomit des litres, femme qui résiste à une arrestation, etc. Dès qu’il obtient l’autorisation, il filme, sans autre travail préalable qu’un repérage des lieux. Il présente son matériel à tous ceux qu’il sera amené à côtoyer et démystifie le processus technique du filmage. Il déplore que 40% du temps d’un cinéaste indépendant soit consacré à chercher de l’argent. Pour sa part, il est sous contrat avec la télévision publique.

Il ne sait pas comment ses films sont reçus, mais il imagine les gens qui, dans deux cents ans, auront la possibilité de connaître la vie au XXème siècle, mieux que nous celle du XIXème !

frederick_wiseman - le lieu documentaire

PODCAST CONFÉRENCE (1987) À ÉCOUTER SUR FRANCE CULTURE

Wiseman est un cinéaste en retrait dans ses films mais un commentateur prolixe de son art. Sa présence en creux et sa parole en marge en font un auteur décentré. Comment remettre en perspective l’œuvre et le discours de la méthode ?

Conférence « Rencontre autour du cinéma de Frederick Wiseman », animée par Franck Lubet, responsable de la programmation de la Cinémathèque de Toulouse.

Intervenants : Zachary Baqué, maître de conférences en civilisation américaine, et Vincent Souladié, maître de conférences en études cinématographiques (Université Toulouse Jean Jaurès).

Présentation de Frederick Wiseman et de son cinéma | extraits
par Arnaud Hée, programmateur du cycle « Frederick Wiseman, nos humanités » présenté en 2024 et 2025 à la BPI Centre Pompidou à Paris

« Le style cinématographique de Frederick Wiseman est en place dès les premiers films : pas d’entretien (à l’exception d’un, encore plus notable, dans « Primate »), pas de commentaire. Le montage fait dialoguer des séquences entre elles, par contraste, par contrepoint, formant une mosaïque.

Le fait qu’il n’y ait pas d’autres repères chronologiques que le présent du tournage représente une autre singularité. Ce présent perpétuel n’est pas devenu une lointaine archive, il a plutôt fini par constituer un perpétuel présent dont il émane en 2024 une troublante pertinence sociétale et politique.[…]

Il convient d’insister sur quelque chose qui n’est pas du tout assez dit de son cinéma, sans doute masqué par la force des “sujets” et du propos : un appétit formel jamais rassasié, une immense expressivité visuelle, une intense sensibilité pour les visages, les corps – statiques ou en mouvement -, pour les paysages, les lumières.

Frederick Wiseman n’est pas un discoureur, il est un formaliste, de l’image, de la mise en scène, du montage bien entendu, mais aussi du son.

Si ce formalisme se trouve peu mis en valeur, c’est sans doute qu’il ne se place jamais au-dessus des films, ne s’impose pas à eux, mais se déploie avec une constante justesse. […]

Impressionnante par sa cohérence, l’œuvre entière est toujours prise dans un mouvement, elle s’ouvre notamment à d’autres typologies spatiales, d’autres échelles (« Canal Zone », « Racetrack », « In Jackson Heights »), d’autres horizons sociaux (« Model », « The Store »), d’autres géographies (la France bien sûr, dont il filme régulièrement depuis les années 1990 des lieux emblématiques d’art, de culture et de spectacle).

Bien commode, le titre de “cinéaste critique des institutions” est à complexifier, certains films édifient en effet des éloges mettant en valeur des utopies concrètes, à travers lesquelles Wiseman délivre aussi des professions de foi politiques : « High School II », « Boxing Gym », « Ex Libris : The New York Public Library », « City Hall » […]

Quelque chose d’étrange et d’assez unique se dégage de l’œuvre de Frederick Wiseman, résidant dans le fait que son meilleur commentateur n’est autre que son cinéma lui-même.

Les films disent de l’intérieur ce qui s’y joue, le formuler de l’extérieur revient à une réitération des images et des sons, forcément plus pauvrement mise en mots. Partant des moyens donnés par le cinéma direct (caméra et équipe légères, micros directionnels et son synchrone), il conteste l’idée de cinéma vérité en lui opposant celle de reality fiction.

Wiseman cherche à « pourvoir le réel d’une doublure », pour reprendre la formule de la critique Charlotte Garson.

En effet, cette œuvre ne vise surtout pas à se faire experte en sciences sociales ou à nous présenter un décalque de la réalité, mais, au contraire, à la faire basculer du côté de la théâtralité, de la fiction, du romanesque, avec des protagonistes souvent pris dans des situations et dimensions performatives. […]

Wiseman compose de film en film une fresque dédiée aux êtres qui peuplent la quarantaine de lieux explorés : grandeur et petitesse, ressorts et défaites, grâce et pesanteur, élévation et impuissance. Il s’agit aussi d’un théâtre d’une extraordinaire et permanente inventivité – mouvements, mots, gestes, langage. 

Cet intitulé vient souligner l’inépuisable richesse d’une filmographie en forme d’encyclopédie de l’humain, par laquelle on cultive son regard, son esprit et sa pensée. On accède à une somme impressionnante d’expériences, de connaissances; fréquenter, arpenter cette œuvre, c’est “faire ses humanités”. […]

La comédie humaine wisemanienne s’écrit depuis 1967, avec une fascination pour les scènes et les coulisses où se déroulent les existences ordinaires. Elle naît d’une immense curiosité, d’un admirable entêtement, d’un humanisme empathique mêlé à un regard distancié et à une ironie mordante. Tout ceci est le moteur de la complexité du monde dont il rend compte si profondément, jusqu’au vertige. 

Si les lieux et les êtres de cette fresque unique appartiennent à une géographie surtout étasunienne et occidentale, c’est pourtant bien une expérience universelle qui transite par eux. 

Le métier de vivre est toujours singulier, mais il y a bien une seule et même espèce humaine dans le regard et l’écoute de Frederick Wiseman. »

FREDERICK WISEMAN : L’INTÉGRALITÉ DES FILMS ET UNE SÉLECTION DE LIVRES SONT À CONSULTER GRATUITEMENT AU CENTRE DE RESSOURCES DU LIEU DOCUMENTAIRE

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