Visages villages - AV & JR ignition resized Visages villages©Agnès Varda-JR-Ciné-Tamaris, Social Animals 2016-lelieudocumentaire-detail
Cycle | Filmer les arts

« Visages, villages » de Agnès Varda et JR

vendredi 23 mai 2025
à 19:00
CSC Montagne Verte, Strasbourg

Projection, suivie d’une discussion, du film « Visages, villages » de Agnès Varda et JR (90 mn) proposée par le CSC Montagne Verte, en partenariat avec Le Lieu documentaire.

Entrée libre et gratuite, dans la limite des places disponibles.

Depuis novembre 2024, les personnes apprenant le français au CSC de la Montagne Verte, accompagnées par La Chambre, participent à un projet photographique d’apprentissage du français et de lien au territoire : »Échappée photographique ». I

Ils et elles ont exploré le quartier mais aussi d’autres lieux de Strasbourg, pour capturer des détails, des architectures, des éléments qui attirent leur regard.

Leurs images ont été complétées par des textes poétiques composés pendant les ateliers. Une exposition de restitution a été montrée à la médiathèque Gisèle Halimi, puis au CSC.

Pour terminer en beauté ce projet, une projection débat est organisée avec le Lieu Documentaire. La projection de « Visages, villages » sera suivi d’un temps de partage convivial avec les participant·es sur le rôle que peut avoir la photographie dans une dynamique d’émancipation et de création collective.

  • Agnès Varda
  • JR
2017
90'
  • Ciné-Tamaris
  • Social Animals Production (JRSA)

Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer.

Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air.

Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR.
Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés.

Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.

Visages villages - Paris - AVJR atelier JR Visages villages©Agnès Varda-JR-Ciné-Tamaris, Social Animals 2016-le lieu documentaire-4

Agnès Varda, JR © ciné-tamaris – JR

AGNÈS VARDA ET JR, INTERVIEW (PAR OLIVIER PÈRE, 12 JANVIER 2017, EXTRAIT DU DOSSIER DE PRESSE)

OP : Y avait-il un plan, des itinéraires ? Comment élabore-t-on un film qui est essentiellement bâti sur le hasard, sur la rencontre, sur la découverte ?

AV : Chacun de nous avait parfois un contact quelque part dans un village ou une envie de quelque chose. Donc, on allait voir. Comme toujours dans le documentaire, parce que j’en ai beaucoup fait, on a une idée, et très vite, le hasard, les rencontres, les contacts font que tout à coup, cela se cristallise sur quelqu’un, ou sur un endroit.
En fait, on engage le hasard, on l’engage comme assistant !

JR : On engage aussi la vie, puisque le film est aussi l’histoire de notre rencontre.
On s’est découverts sur la route à travers le projet, dans l’exercice finalement amusant de travailler en duo. J’apprends à comprendre un peu plus Agnès, ce qu’elle voit, comment elle le voit, et elle aussi cherche à comprendre ma démarche d’artiste.
Souvent, on se parle, on essaye des idées.
Puis on a imaginé que ce serait un long-métrage.

AV : C’est là que Rosalie a pris les choses en main pour produire le film.

JR : Tu m’as dit : « On y va ! »

OP : Le film est un voyage à travers la France, mais c’est aussi un voyage à travers la mémoire, intime et collective. Des ouvriers, des agriculteurs, des villageois.

JR : Là où on est, on sent très vite si on va faire contact.

AV : Il y a quelque chose que j’aime chez toi, c’est ta rapidité. Dès qu’on rencontre des gens, tu imagines tout de suite ce qu’on peut faire avec eux.Par exemple, ce facteur de Bonnieux que j’avais connu, que je voulais te faire connaître parce que j’aime bien les facteurs, j’aime bien les courriers, j’aime bien les timbres.

Toi qui communiques essentiellement sur la toile et qui reçois quelque 20 000 likes quand tu postes une image, tu as été d’accord de faire de ce facteur un héros de village en format géant.

JR : Sur trois étages…

AV : Il était fier d’être si grand. De là, on a roulé vers les Alpes-de-Haute-Provence.

JR : Et vers Château-Arnoux, quelqu’un nous a parlé de cette usine.

AV : Je connaissais le gars du cinéma local, Jimmy Andreani. J’y avais présenté « Sans toit ni loi ». Il nous a présenté l’usine.

JR : Un peu dangereuse (classée Seveso, seuil haut). Par curiosité, on est allés voir.
On a fait des rencontres et on a trouvé des idées là-bas.

AV : C’est beau, les lieux industriels. Et les gens qui y travaillent sont bienveillants.

JR : Ils ont joué le jeu avec nous pour une photo de groupe. Ailleurs, parfois, je croyais te faire découvrir un lieu et tu y avais été des années plus tôt. Les images que tu avais faites il y a longtemps m’inspiraient.

Ces collages que l’on voit dans le film sont le fruit de notre collaboration.

AV : Souvent, ce sont des photos de moi que tu colles.

JR : Oui, c’est vrai.

AV: Comme la grande chèvre avec des cornes, c’était une photo que j’avais prise en repérage.

JR : On a passé pas mal de temps avec cette femme, Patricia, qui garde les cornes de ses chèvres alors que d’autres les brûlent au premier âge des bêtes.

AV : Les gens sont intenses dans leur travail et dans leurs propos. Oui, cette femme, elle s’est emballée sur ce sujet des cornes de chèvres avec une conviction impressionnante.

JR : Et dans le Nord aussi, on a entendu des paroles fortes.

AV : Aujourd’hui, il n’y a plus de mines, mais on a rencontré une femme, la dernière habitante d’une rue de coron. Elle a parlé de son père mineur,
et des anciens mineurs nous ont dit des choses très belles sur un monde qu’on n’a pas connu. C’était intéressant de voir qu’ils en parlaient avec une telle force. Cette femme, Jeannine, nous a émus.

JR : Tu vas en profondeur en interviewant les gens. Cela me captivait de te voir mener ces conversations.

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