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Le ciné-club de la Maison Citoyenne au NeudorfCycle | Le documentaire, outil citoyen

« Maîtres » de Swen de Pauw

jeudi 23 octobre 2025
à 19:00
La Maison Citoyenne, Strasbourg Neudorf

Projection du film « Maîtres » de Swen de Pauw (1h37, 2021) et débat, proposés par La Maison Citoyenne et Le Lieu documentaire, dans le cadre du ciné-club documentaire de la Maison citoyenne du Neudorf, nouveau rendez-vous mensuel dans le quartier du Neudorf à Strasbourg.

Entrée libre et gratuite, dans la limite des places disponibles.

  • Swen de Pauw
2021
  • Français
97'
  • Projectile
  • Seppia

À Strasbourg, un cabinet d’avocates s’est spécialisé en droit des étrangers. Christine Mengus et Nohra Boukara s’y battent chaque jour pour aider leurs clients. Grâce à leur ténacité, leur humour et leur professionnalisme, elles tentent de trouver des solutions humaines face à la justice et parfois l’injustice de certaines situations. Elles sont, pour beaucoup, les avocates de la dernière chance…

L’AVIS DE TËNK

Après le cabinet d’un psychiatre atypique, Georges Federmann,  dans son film « Le Divan du monde », Swen de Pauw ausculte à nouveau ce qui se joue dans le huis clos des bureaux et surtout dans les conversations qui se tissent de part et d’autre de la table.

Filmé en champ contre-champ, Maîtres se construit autour des mots, de l’échange, de la circulation de la parole, des colères comme des silences. Il est ici question de migration, de procédure et on découvre en premier lieu les absurdités et la violence du système administratif et judiciaire français.

« Je ne suis pas un objet ! Pourquoi on me jette comme cela ? », s’insurge un homme qui vit et travaille en France depuis plus de dix ans. « C’est la loi. Je ne peux pas faire de miracle », lui répond Christine Mengus avant d’ajouter malicieusement : « difficilement… »…

En dépit des incompréhensions, des découragements, des errances au long cours, les avocates continuent d’écouter et d’essayer de faire avancer les dossiers de celles et ceux qu’elles défendent. Leur engagement nous rappelant qu’il s’agit de parcours de vie.

— Éva Tourrent, responsable artistique de Tënk

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NOTES DU RÉALISATEUR (EXTRAITS)

La justice est un milieu qui connait ses propres règles, ses usages, ses points de tensions, ses personnalités fortes et ses rapports de pouvoir. Et évidemment, les spécificités du quotidien de Christine Mengus et Nohra Boukara ont forgé leurs attitudes, comportements, visions du monde et manières de travailler.

Selon moi, elles aussi subissent les failles de la justice. Elles sont déchirées entre leur volonté de changement et leur terrible impuissance, entre l’urgence des situations et l’inertie du monde judiciaire. Elles sont perpétuellement sur le fil.

Christine Mengus est engagée et passionnée. Elle a donc parfois tendance à s’emporter. Au fil de sa carrière, définie par le mode de fonctionnement de son champ professionnel ainsi que par sa forte personnalité, elle a développé un rapport empathique à ses clients
qu’elle accompagne d’une expertise pointue. Nohra Boukara est patiente et méticuleuse. C’est une combattante sûre de ses convictions. Lorsqu’elle accepte un dossier, elle met toute sa connaissance du droit, toute sa hargne parfois, pour faire pencher la balance de la justice du côté de son client, sans pour autant le ménager.

Comment composent-elles avec tous ces dysfonctionnements, tous ces paradoxes et surtout, pour combien de temps encore ? Les avocates et leur équipe ont parfois l’air à bout et leur combat paraît sans fin. Honnêtement, j’en viens moi-même à me demander comment elles font pour tenir. Leur quotidien a l’air tellement harassant, épuisant. J’ai pourtant filmé des personnes qui font contre mauvaise fortune bon coeur et affichent un visage déterminé malgré les obstacles grandissants.

 

Au fil du temps, j’ai été de plus en plus captivé par la personnalité complexe de ces femmes, étonné par la difficulté de leurs combats, pris
de sympathie par leur énergie, leur humour, impressionné devant leurs ambitions et déstabilisé par la fragilité ambiante : celle de leur situation professionnelle, de la situation administrative de leurs clients, du cabinet dans son fonctionnement, de la justice en général et des législations en constante transformation.

D’un point de vue cinématographique, j’ai décidé d’utiliser le cinéma direct, dans un lieu unique qui devient une sorte de théâtre des problématiques humaines et sociétales. Avec un travail de mise en scène, de mise en image et de récit, avec intérêt et bienveillance mais sans complaisance, j’ai tenté de décrire la difficulté de leur situation, l’ambivalence de leur position et la complexité des histoires de vie
des personnes qui les sollicitent.

Tourné en huis clos, le film raconte le travail de ces « Sisyphe » du monde judiciaire et développe un récit inédit sur la problématique des réfugiés et des migrations ; un récit qui interroge les droits des étrangers dans une société occidentale qui ne sait plus ni les accueillir, ni trouver de réponse à leur détresse.

— Swen de Pauw, réalisateur

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Swen de Pauw est auteur-réalisateur de films documentaires. Il a créé la société de production Projectile en 2008 grâce à laquelle il produit et coproduit tous ses films. Il est également directeur artistique et programmateur des festivals Kings of Doc et KODEX (Kings of Doc Expanded) à Strasbourg et Berlin. Depuis 2010, il est président de l’association Répliques, pour laquelle il crée et coordonne plusieurs dispositifs dans les domaines de la programmation, la production de films associatifs et l’éducation à l’image. Après « Le Divan du monde » (2015) et « Comme elle vient » (2018), il réalise « Maîtres », son troisième long métrage, sortie au cinéma en 2023.

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