« Je m’appelle Rosine Mbakam, j’ai 34 ans, je suis camerounaise, j’ai grandi au Cameroun jusqu’à mes 27 ans dans le respect des traditions. En 2007, je pars pour la Belgique pour y poursuivre mes études. C’est la première fois que je quitte mon pays.
Ma mère s’appelle Mâ Brêh en Bamiléké ou encore Mâ. Elle a 68 ans et a toujours vécu au Cameroun. Elle a grandi dans le maquis où sa famille comme beaucoup d’autres fuyaient la répression des colons français. Elle s’est mariée à l’âge de 18 ans avec un homme que ses parents lui avaient présenté.
Le film est un face à face qui confronte et questionne le choix des deux femmes. Deux générations qui se regardent, surtout deux femmes qui échangent sur leur intimité, leurs souffrances et leur désir de femme. » (Rosine Mbakam)


Ce film raconte le retour d’une jeune femme dans son pays d’origine, le Cameroun, ses retrouvailles avec sa mère, retrouvailles construites autour des espaces revisités de leurs deux vécus. Deux parcours différents qui se croisent autour des traditions qui fondent leurs deux personnalités. À la recherche des sentiments enfouis, des histoires émergent, son histoire. Donner vie aux voix endormies dans le silence, éclairer les visages des femmes de sa communauté, qui l’ont construite, pour faire jaillir d’autres couleurs de leurs visages.
L’avis de Tënk
Rosine a 34 ans. Ses vingt-sept premières années, elle les a passées au Cameroun aux côtés de sa mère, avant de décider de partir. Depuis la Belgique où elle vit aujourd’hui, elle a préparé ce retour qui prendra les allures d’un film de cinéma. Ce portrait croisé, tout en nuances, façonné par les échanges entre une mère et sa fille, livre un témoignage poignant sur la condition des femmes camerounaises. Film à la première personne, « Les Deux Visages d’une femme Bamiléké » donne accès à une parole bouleversante et nécessaire.
Pascal Catheland, réalisateur

Portrait de Rosine Mbakam par Lore Thouvenin (D.R.)
Rosine Mbakam a grandi au Cameroun. Elle choisit très tôt le cinéma et se forme à Yaoundé grâce aux équipes de l’ONG italienne COE (Centro Orientamento Educativo) où elle est initiée à l’image, au montage et à la réalisation dès 2000. Elle collabore et réalise plusieurs films institutionnels pour cette structure avant d’intégrer en 2003, l’équipe de STV (Spectrum télévision) dirigée par Mactar Sylla. Pendant quatre ans, elle cumule les postes de monteuse, réalisatrice, présentatrice, responsable des programmes.
Mue par l’envie de developper son regard cinématographique, elle intègre l’INSAS (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et des Techniques de Diffusion) à Bruxelles en 2007. Diplômée en 2012, elle réalise un premier court métrage de fiction « Tu seras mon allié » qui est sélectionné dans plusieurs festivals internationaux.
Dans une volonté d’indépendance, elle fonde en 2014 avec Geoffroy Cernaix, Tândor Productions, en Belgique. En produisant ses films, elle cherche à défendre la singularité de son regard. Elle réalise « Les Deux Visages d’une femme bamiléké » son premier long métrage documentaire en 2017, qui est sélectionné dans plus d’une soixantaine de festivals (IFFR Rotterdam, Fespaco…). Son film suivant « Chez jolie coiffure » connait une audience encore plus
large (DOK Leipzig, True/False, AFI Fest Los Angeles, Fespaco…). Les deux films sont salués par la critique […]
Dans la foulée, elle initie Caravane Cinéma qui assure la diffusion de films africains dans les quartierspopulaires des grandes villes camerounaises dans le cadre de projections en plein air.
Son troisième long métrage documentaire « Les Prières de Delphine », lui aussi sélectionné dans de nombreux festival, sort en salles en 2024.
En collaboration avec An Van Diederen et Eléonore Yameogo, elle a co-réalisé le long métrage documentaire « Prisme » sur la problématique de filmer la peau noire.
Son film le plus récent « Mambar Pierrette » a été présenté à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes en 2024.
Elle partage son temps entre sa structure de production (Tândor Productions en Belgique et Tândor Films au Cameroun) où elle travaille sur plusieurs projets et ses activités d’enseignante au sein du KASK à Gand (Belgique).
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