Cycle | Images du travail

« Le balai libéré » de Coline Grando

mercredi 13 décembre 2023
à 18:30
Le Lieu documentaire, Maison de l'image, Strasbourg

Dans les années 70, les femmes de ménage de l’université catholique de Louvain mettent leur patron à la porte et créent leur coopérative de nettoyage, Le Balai libéré. 50 ans plus tard : travailler sans patron, est-ce encore une option ?

 Un cycle de projections proposé par le laboratoire Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (SAGE), unité de recherche du CNRS – Université de Strasbourg et Le Lieu documentaire, dans le cadre du cycle « Images du travail ».

La séance est suivie d’une rencontre avec Fabien Brugière, maître de conférence en sociologie à l’Université de Strasbourg

Entrée gratuite.

  • Coline Grando
2023
  • Français
88'
  • CVB - Centre Vidéo de Bruxelles
  •  CBA - Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles
Dans les années 70, les femmes de ménage de l’université catholique de Louvain mettent leur patron à la porte et créent leur coopérative de nettoyage, Le Balai libéré. 50 ans plus tard, le personnel de nettoyage de l’UCLouvain rencontre les travailleuses d’hier : travailler sans patron, est-ce encore une option ?

Critique de Guillaume Kerckhofs

La réalisatrice Coline Grando a étudié cinq ans à Louvain-la-Neuve sans jamais avoir entendu parler du Balai Libéré. Elle ne s’est jamais non plus posé la question de savoir qui nettoyait les locaux de l’université et dans quelle condition. Lorsque qu’elle entend par hasard cette histoire elle est happée par son caractère exceptionnel…

Dans les années 1970, des aides ménagères licencient leur patron et travaillent en autogestion pendant 14 ans ! Coline Grando a alors entrepris des recherches sur cette aventure et est allée à la rencontre de ses protagonistes. Ne voulant pas d’un film uniquement tourné vers le passé elle est allée également rencontrer les personnes qui nettoient aujourd’hui l’université.

Le film met en scène la rencontre entre ces deux générations de travailleuses et travailleurs qui, malgré leurs deux expériences très différentes, partagent un territoire commun qui est cette ville, représentant 350 000 m2 à nettoyer. À travers leur partage d’expérience, le film parle plus largement de la dégradation des conditions de travail, de violence de classes, l’invisibilisation des employé·es du secteur du nettoyage. Il met en lumière un système d’appel d’offre de marché public qui contraint les différents acteurs à revoir le prix vers le bas et à augmenter mécaniquement la charge de travail pesant sur les travailleuses et travailleurs. Il parle de la destruction du lien et des difficiles conditions d’émancipation des travailleuses et travailleurs peu qualifiés….(lire la suite: https://www.grignoux.be/fr/film/1940/le-balai-libere )

le balai libéré - coline grando - le lieu documentaire2
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« Le Balai libéré », ou ce que le capitalisme a fait au rêve autogestionnaire: Un Article de Pierre Jequier-Zalc publié le 07 décembre 2023 dans Politis

C’est une histoire que beaucoup avaient oubliée. Sans doute que certains préféraient ne pas trop la raconter, de peur qu’elle inspire. Celle du Balai libéré, nom d’une entreprise coopérative de nettoyage créée en 1975, après que des ouvrières eurent licencié leur patron, engendrant alors une expérience autogestionnaire de 14 ans. À l’Université catholique de Louvain (UCL) en Belgique, les travailleurs et travailleuses d’aujourd’hui n’en ont jamais entendu parler. C’est ainsi que s’ouvre ce documentaire d’une heure et demi. Des interviews face caméra de celles et ceux qui nettoient quotidiennement les 350 000 mètres carrés de cette faculté. Des femmes, des hommes pour qui le nom de cette expérience, Le Balai libéré, n’évoque rien.

Cette approche de Coline Grando fait la force de son documentaire. Alors que l’on aurait pu s’attendre à la narration mythifiée d’une expérience passée, la réalisatrice a préféré la raconter en l’interrogeant avec la réalité de celles et ceux qui travaillent aujourd’hui. Avec une question en toile de fond : cette utopie serait-elle possible aujourd’hui ? Tout au long du film, nous suivons donc la rencontre des autogestionnaires d’hier, avec les ouvriers d’aujourd’hui, sous-traités, esseulés. Ils ont fait et font le même métier, mais de manière très différente. Celles du Balai libéré racontent leur fierté d’avoir pris en main leur outil de travail, en licenciant un patron « inutile et parasitaire » et en s’organisant pour être mieux payées, plus nombreuses, avec de meilleures conditions de travail.

Les ouvriers du ménage d’aujourd’hui parlent d’autre chose : des cadences, de la rationalisation, de la solitude. Ils ne se connaissent que peu entre eux. Sont seuls pour nettoyer des centaines de mètres carrés. En les suivant dans leurs tâches quotidiennes, l’habile caméra nous montre cette solitude. Seuls à astiquer un amphithéâtre, des salles de cours, des sanitaires, dans un silence que le bruit du chariot et de l’aspirateur vient uniquement rompre.

Méthodique solitude

C’est aussi cela qui fait la réussite de ce film : ne pas imposer lourdement ce qui se dévoile, comme une évidence, au fil des séquences. Ce que le capitalisme a fait au rêve autogestionnaire. En organisant méthodiquement et seulement des salariés, en imposant des appels d’offres où le prix (et donc les conditions de travail) reste un critère prépondérant, en facilitant la sous-traitance, en créant le maintien dans la peur de perdre son emploi : autant de critères empêchant toute constitution de force collective.

Pourtant, la rencontre des femmes de ménage des années 70 avec celles et ceux d’aujourd’hui permet de briser ce qui apparaît, au début,(…lire la suite https://www.politis.fr/articles/2023/12/le-balai-libere-ce-que-le-capitalisme-a-fait-au-reve-autogestionnaire/ )

 

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Née en France, Coline Grando obtient un master en Réalisation à l’Institut des Arts de Diffusion en 2015, avec son film de fin d’études, un court-métrage de fiction Les Saisons.

Elle réalise son premier film documentaire La Place de l’homme produit par le Centre Vidéo de Bruxelles en 2017. En 2019, elle continue d’explorer la thématique de l’avortement mais cette fois-ci du point de vue des médecins qui le pratiquent avec Les mains des femmes, film commandé par la Fédération Laïque des Centres de Planning Familial et le CVB. Elle vient de terminer un long-métrage documentaire Le Balai Libéré, écoutez cette histoire que l’on m’a raconté, qui questionne l’autogestion et les conditions de travail actuelles auprès de deux générations de nettoyeurs et nettoyeuses. Elle a également participé à un film collectif Le souffle court sur le ressenti de soignants pendant la crise du Covid. Les deux documentaires sont sortis en 2023  (https://www.imagesante.be/fr/personnalite/coline-grando/ )

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Dans les années 70, les femmes de ménage de l’Université Catholique de Louvain mettent leur patron à la porte et créent leur coopérative de nettoyage, Le Balai Libéré. 50 ans plus tard : travailler sans patron, est-ce encore une option?  Un cycle de projections proposé par le laboratoire Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (SAGE), unité de recherche du CNRS – Université de Strasbourg et Le Lieu documentaire. Entrée gratuite.

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