Le film aborde, à travers le journal municipal, le « Journal de Béziers », devenu le « Journal du Biterrois », la gestion de la ville par Robert Ménard élu maire en 2014 avec les voix du Front National. En partant à la rencontre des habitants et de militants, nous découvrons « l’envers du décor » de cette ville du sud de la France.
Comment ce journal façonne une ligne politique et idéologique d’une France catholique intégriste, rejetant les musulmans, tout en voulant contrôler et surveiller l’ensemble de ses habitants. Une vision de l’extrême droite au pouvoir.

Réalisateur depuis 1989, Daniel Kupferstein s’attelle dans ses films à détricoter un nationalisme d’État, qui enferme les individus dans des identités rigides et confine à l’extrême droite.
Il s’est ainsi intéressé à la répression sanglante, en France, par la police française, des manifestations pour l’indépendance de l’Algérie (« 17 octobre 1961, dissimulation d’un massacre », 2001 ; « Mourir à Charonne, pourquoi ? », 2010 ; « Les Balles du 14 juillet 1953″, 2014). « Les Oubliés de l’histoire » (1993) retrace les parcours de femmes et d’hommes étrangers, immigrés en France ou issus des colonies françaises, qui ont combattu dans la Résistance et pour la libération.
Dans « Pas en mon nom ! » (2019), il dénonce l’injonction souvent adressée aux personnes d’origine juive, en France et ailleurs, de soutenir inconditionnellement l’État d’Israël.
(Source : DOC-Cévennes. Notice biographique mise à jour en avril 2024)

Notes de Chantal Dubois, productrice déléguée
Avec plus d’une trentaine de films à son actif, pour la plupart engagés dans l’organisation de la cité, Daniel Kupferstein s’approche une nouvelle fois de son terrain favori : l’analyse des dérives de certains pouvoirs par la compréhension des mécanismes de l’écriture de l’histoire et la découverte des différentes motivations qui la porte.
Dans le film « Béziers, l’envers du décor », le réalisateur décortique, Le Journal de Béziers, le magazine municipal. Le maire, Robert Ménard, jadis directeur de Reporters sans
frontières, défenseur de la liberté d’expression, affiche clairement dans « son journal » sa volonté de toucher les Biterrois par des coups médiatiques. La construction des pages est volontairement criarde et racoleuse, la couverture souvent anxiogène et les photomontages travestissent la réalité.
Le Journal de Béziers exploite toutes les thématiques de la droite extrême, n’hésitant pas à revisiter grossièrement le rapport texte / image.
Le journal en main, Daniel Kupferstein part à la rencontre des habitants d’une ville dont la situation économique catastrophique renforce le sentiment d’insécurité quant à l’avenir.
Par des questions ciblées, il cherche à confronter ce qui est énoncé dans le magazine à la vraie vie. Avec un regard analytique affirmé, il construit pas à pas son film en s’appuyant sur ses personnages de tous bords et dénonce ainsi les pratiques manipulatoires. Mais c’est aussi à la vie quotidienne biterroise qu’il nous convie, guidés par une caméra qui se mêle à la population lors des évènements, des fêtes, des manifestations culturelles sportives et politiques.
Béziers, l’envers du décor, ne nous laissera pas indifférents car nous devenons les témoins d’un problème structurel de la société française …
Cela pose la question de qui sommes-nous et dans quelle société acceptons-nous de vivre ?
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