Sandrine Dryvers parcourt le vieux continent, son téléphone à la main, pour tenter de comprendre ce qui nous lie les uns aux autres au-delà des liens économiques entre les pays.
Elle part de chez elle, du bassin sidérurgique liégeois, où elle filme l’enterrement d’un ouvrier qui s’est suicidé et se pose cette question: est-ce partout, en Europe, le même sentiment d’abandon ?


La réalisatrice Sandrine Dryvers part prendre le pouls de l’Europe à partir de son iPhone et de sa famille embarquée dans l’aventure. Une sociologie à fleur de peau tissée de rencontres chargées d’émotion et de réflexions contrastées.
Tout commence avec l’enterrement d’un ouvrier d’Arcelor Mittal qui s’est suicidé en région liégeoise. Ce moment de dignité et de gravité filmé avec pudeur débouchera sur un départ à travers l’Europe.
La réalisatrice veut savoir si ce geste désespéré à d’autres résonnances. Nous voilà donc à la Féria de Séville. Nous découvrons une classe moyenne en train de jongler au quotidien pour un minimum vital de décence. Pas de longs discours ni de misérabilisme. Des corps s’expliquent au sein d’une fête qui bat son plein de costumes bariolés.
D’autres pays de l’Europe seront sillonnés avec des témoignages vibrants et contrastés.
En Grèce, on évoque avec humilité le berceau de la démocratie, la mosaïque des cultures, le devenir d’un pays écrasé par la dette. Du côté de la Scandinavie, on admet d’être sensiblement privilégié. Mais le bonheur n’est pas forcément à portée de main. Un dramaturge de l’ancienne Allemagne de l’Est nous dit que la chute du mur de Berlin l’a installé dans un contexte où il est toujours question de combat individuel pour garantir sa survie.
Les interventions sont paradoxales. Des dockers peuvent s’en prendre au laxisme de la sécurité sociale, des immigrés ne voient pas forcément d’un bon œil l’arrivée des réfugiés, des personnes précarisées ont la nostalgie des régimes dictatoriaux.
Chacun y va de sa petite idée sur le bonheur et l’avenir de l’Europe.
Toutes ces interventions ne vont certes pas nous donner une cartographie politique précise de l’Europe. Mais on a droit à un espace de sincérité, de confidence sur un état des lieux, sur une époque charnière qui annonce des changements qui peuvent faire peur s’ils ne sont pas maîtrisés.
La réalisatrice montre de manière manifeste la présence de sa famille à ses côtés, une manière de nouer un rapport de confiance avec ses protagonistes, d’évacuer l’image de la professionnelle de l’audiovisuel au profit de celle d’une citoyenne à l’écoute du battement du cœur de l’Europe.
Dany Habran, Les Grignoux
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