Par l’effet d’une mise en scène contrapuntique, marquée par l’apparition de « têtes de papier » carnavalesques, représentatives des visages inexpressifs des anciens apparatchiks, Têtes de papier est une vaste fresque, tour à tour grave et ironique, historique et émotionnelle, qui interroge la manipulation des citoyens par un pouvoir totalitaire et témoigne de l’absurdité que celui-ci a pu représenter.
C’est en 1990, peu après la Révolution de Velours, que Dusan Hanak a engagé ses premières recherches et enquêtes. Pour lui qui fut longtemps interdit et censuré dans son propre pays, un tel film représentait une nécessité impérieuse : donner la parole à des citoyens anonymes broyés par le régime communiste ; rendre compte de l’ombre portée du passé tchécoslovaque, revisiter l’image et l’imagerie officielle du régime communiste, élaborer une forme cinématographique à la mesure d’un tel sujet..;
Le film acquiert ainsi une dimension universelle, tout en retraçant le destin d’un pays d’Europe centrale dans la deuxième moitié du XXème siècle.