Dans cet entretien complice avec la critique d’art Catherine Millet, l’artiste grec Takis (né en 1925) évoque sans détours son enfance à Athènes, ses engagements politiques pendant la guerre, la vie de bohème à Paris et la réalisation parfois périlleuse de sculptures publiques spectaculaires. La truculence de ses anecdotes provoque des fous rires contagieux.
« C’était encore la Grèce magique de l’Antiquité » déclare Takis à propos de son enfance misérable dans les faubourgs d’Athènes. De fait, ses premières sculptures anthropomorphiques s’inspirent des modèles de la statuaire grecque antique. En 1954 à Paris, il réalise les premiers Signaux, des tiges de fer forgé aériennes, rivées à un socle et coiffées de petits objets ; il découvre le magnétisme et, grâce à un système d’aimants, il parvient à faire « flotter » un corps humain dans l’air. Plus tard, il transforme le château d’eau de Beauvais avec des cordes musicales insérées dans des vis d’Archimède et actionnées par le vent. Lorsque Catherine Millet conclut que ce manipulateur de forces magnétiques sait occuper l’espace sans utiliser de volumes encombrants, l’artiste approuve fièrement : « C’est mon côté génial ! »
(Annick Spay)