Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Rideau de sucre (Le) / El Telón de Azúcar

  • Camila Guzman Urzua
2006
80

Synopsis

Camila Guzman Urzua est la fille du réalisateur Patricio Guzman. Née à Santiago du Chili en 1971, elle est accueillie à Cuba avec ses parents en 1974, après le coup d’état de Pinochet. Ayant quitté Cuba à l’âge de 17 ans, ce film est un retour sur ses années d’enfance, à la recherche de ses amis d’école, qui presque tous se sont exilés, de ces “années d’or” de l’île et de la colonie modèle des pionniers.

“Filmer l’école à Cuba peut se concevoir comme une entreprise de dénonciation des mensonges de la propagande communiste et de l’embrigadement de la jeunesse. La démarche de Camila Guzmán Urzúa est plus intime, plus déchirée aussi. Deux images l’évoquent : un jeune homme fouille dans une boîte à biscuits pour en extraire des photos de ses parents, jeunes militants de la révolution, et une photo de classe de la réalisatrice. Celle-ci fait ensuite la liste de ceux qui se sont exilés, liste si longue que l’on comprend qu’il n’en est resté qu’un, le jeune homme à la boîte de biscuits. Le film est l’histoire du chemin qui sépare ces photos, où la petite voix de l’autobiographie questionne les représentations officielles de l’histoire, pro ou anticastristes. L’école à Cuba, pour Camila, c’est d’abord une affaire de ton et de goût. Le ton de belles vacances, certes un peu spéciales, dans les camps de pionniers, où les enfants placés “au contact des travailleurs” se retrouvaient entre eux, loin de l’autorité rabat-joie des parents. Le goût, c’est le sucré des goûters, de pâtisseries et de jus de fruits. Les goûters ne sont plus qu’un souvenir, la colonie modèle des pionniers tombe en ruine. Des souvenirs amers ternissent l’image sucrée de l’école du socialisme : les punitions, la délation au quotidien, et le réveil brutal de la “période spéciale”. Si le film questionne inlassablement ce déni de la réalité, il puise sa force dans la permanence de son regard à l’échelle d’une cour d’école, aux dimensions d’un quartier. Le mensonge des dirigeants ne peut cacher le rêve de la population, celui d’une société solidaire. Ce rêve brisé est filmé comme une photo qui se désagrège avant de se déchirer, une photo d’enfants qui ont grandi à l’intérieur du rêve et l’ont vu se dissiper avec leur propre jeunesse. La société cubaine ne se divise pas entre pro et anti-castristes, entre “restés” et “partis”, mais à l’intérieur des familles déchirées par l’exil. Récit douloureux d’une génération d’orphelins, d’orphelins d’un rêve.” (Yann Lardeau)

Mots clés

Camila Guzman Urzua est la fille du réalisateur Patricio Guzman. Née à Santiago du Chili en 1971, elle est accueillie à Cuba avec ses parents en 1974, après le coup d’état de Pinochet. Ayant quitté Cuba à l’âge de 17 ans, ce film est un retour sur ses années d’enfance, à la recherche de ses amis d’école, qui presque tous se sont exilés, de ces “années d’or” de l’île et de la colonie modèle des pionniers.

“Filmer l’école à Cuba peut se concevoir comme une entreprise de dénonciation des mensonges de la propagande communiste et de l’embrigadement de la jeunesse. La démarche de Camila Guzmán Urzúa est plus intime, plus déchirée aussi. Deux images l’évoquent : un jeune homme fouille dans une boîte à biscuits pour en extraire des photos de ses parents, jeunes militants de la révolution, et une photo de classe de la réalisatrice. Celle-ci fait ensuite la liste de ceux qui se sont exilés, liste si longue que l’on comprend qu’il n’en est resté qu’un, le jeune homme à la boîte de biscuits. Le film est l’histoire du chemin qui sépare ces photos, où la petite voix de l’autobiographie questionne les représentations officielles de l’histoire, pro ou anticastristes. L’école à Cuba, pour Camila, c’est d’abord une affaire de ton et de goût. Le ton de belles vacances, certes un peu spéciales, dans les camps de pionniers, où les enfants placés “au contact des travailleurs” se retrouvaient entre eux, loin de l’autorité rabat-joie des parents. Le goût, c’est le sucré des goûters, de pâtisseries et de jus de fruits. Les goûters ne sont plus qu’un souvenir, la colonie modèle des pionniers tombe en ruine. Des souvenirs amers ternissent l’image sucrée de l’école du socialisme : les punitions, la délation au quotidien, et le réveil brutal de la “période spéciale”. Si le film questionne inlassablement ce déni de la réalité, il puise sa force dans la permanence de son regard à l’échelle d’une cour d’école, aux dimensions d’un quartier. Le mensonge des dirigeants ne peut cacher le rêve de la population, celui d’une société solidaire. Ce rêve brisé est filmé comme une photo qui se désagrège avant de se déchirer, une photo d’enfants qui ont grandi à l’intérieur du rêve et l’ont vu se dissiper avec leur propre jeunesse. La société cubaine ne se divise pas entre pro et anti-castristes, entre “restés” et “partis”, mais à l’intérieur des familles déchirées par l’exil. Récit douloureux d’une génération d’orphelins, d’orphelins d’un rêve.” (Yann Lardeau)

Découvrir d'autres films du même réalisateur-ice

No results found.

D'autres pépites du monde documentaire

  • David MacDougall
  • Judith MacDougall