Pour retracer l’histoire du FHAR, Front homosexuel d’action révolutionnaire, Alessandro Avellis fait appel aux figures proches du mouvement, comme la cinéaste Carole Roussopoulos, le philosophe René Schérer ou la photographe Catherine Deudon. Des jeunes du mouvement des panthères roses complètent ce film patchwork et révèlent la survivance du travail militant des deux personnalités fondatrices, Guy Hocquenghem et Françoise d’Eaubonne.
Le FHAR est créé en 1971 par un groupe de femmes menées par Françoise d’Eaubonne, chassées de la revue homophile « Arcadie ». Elles sont rapidement rejointes par des hommes, et Guy Hocquenghem en devient le charismatique leader. Contrairement à la plupart des mouvements actuels, le FHAR ne cherche pas une normalisation, mais déclare avec fierté la différence des homosexuels. Si la question du contrôle de son corps rapproche le FHAR du MLF (le droit à l’avortement, par exemple), sa lutte s’inscrit avant tout dans une vision anti-bourgeoise : « femmes, arabes, ouvriers et homosexuels » mènent le même combat. Le mouvement se fait entendre en perturbant une émission radio sur le thème de l’homosexualité (mars 1971), puis dans le journal gauchiste « Tout ! » (avril 1971) et dans la revue « Recherches » (« Trois Milliards de pervers », mars 1973). Mais les femmes, trop minoritaires, créent de leur côté les Gouines rouges et Guy Hocquenghem poursuivra le combat à travers romans, essais et journalisme.