Des producteurs normands qui en ont faire leur spécialité aux filatures chinoises où il est traité, le lin passe entre de nombreuses mains. Celles des agriculteurs qui le cultivent et des ouvriers qui le taillent, celle des commerciaux qui disputent de ses qualités et prix, enfin celles des ouvrières qui le transforment en fil et en étoffe. En chroniquant ces différentes étapes, Ariane Doublet propose un aperçu au ras du sol de la mondialisation.
Le film se partage entre des séquences paisibles tournées par Ariane Doublet dans l’espace ouvert de la campagne normande et d’autres fébriles tournées par le documentariste Wen Hai dans l’espace confiné et saturé d’activités des filatures chinoises. D’un côté le temps immuable des saisons, la parole rare de ces paysans qu’Ariane Doublet connait si bien, de l’autre le rythme accéléré d’une Chine en pleine croissance, avec ses millions de jeunes ouvriers accourus de toutes les provinces. Le contraste semble total entre ces deux mondes. La jonction néanmoins s’opère par le biais des négociants français et chinois qui s’efforcent de surmonter l’écart de la distance géographique, des langues et des cultures. En dépit de maints obstacles que le film montre souvent avec humour, l’ajustement du prix se fait et, grâce au lin, Normandie et Chine apprennent à coopérer et même s’estimer. Une vision somme toute positive de la globalisation.