Oskar Kokoschka – Portraits européens

  • Stéphane Ghez
2022
52min

Synopsis

Avril 1966, le peintre Oskar Kokoschka rencontre le chancelier Konrad Adenauer dont il doit faire le portrait. Ces quelques semaines de huit-clos entre les deux hommes, deviennent pour Kokoschka l’occasion de revisiter sa vie, entièrement dévouée à la création et à l’observation sans concession de la société de son temps.

Tout au long de sa carrière Kokoschka a fait scandale : « L’Enfant terrible de la Secession viennoise » qui choque la société bourgeoise deviendra pour les nazis l’archétype de l’artiste dégénéré.

Pacifiste et européen convaincu, Kokoschka retranscrit avec son regard au rayon X tous les soubresauts de l’histoire de l’Europe au XXème siècle.

Mots clés : 
  • Art
  • Artiste
  • Europe
  • Histoire
  • Histoire de l'Art
  • Peinture
  • Portrait

Avril 1966, le peintre Oskar Kokoschka rencontre le chancelier Konrad Adenauer dont il doit faire le portrait. Ces quelques semaines de huit-clos entre les deux hommes, deviennent pour Kokoschka l’occasion de revisiter sa vie, entièrement dévouée à la création et à l’observation sans concession de la société de son temps.

Tout au long de sa carrière Kokoschka a fait scandale : « L’Enfant terrible de la Secession viennoise » qui choque la société bourgeoise deviendra pour les nazis l’archétype de l’artiste dégénéré.

Pacifiste et européen convaincu, Kokoschka retranscrit avec son regard au rayon X tous les soubresauts de l’histoire de l’Europe au XXème siècle.

oscar kokoschka - le lieu documentaire - europe

Avril 1966, le peintre autrichien Oskar Kokoschka commence le portrait du chancelier allemand Konrad Adenauer. Kokoschka prétend, comme à son habitude, révéler grâce aux rayons X de son regard, la personnalité profonde de son modèle. Pourtant, pendant ces trois semaines où il peint l’image d’un des fondateurs de l’Europe, Kokoschka se livre finalement à un exercice d’autoportrait.

Car Kokoschka aime raconter sa vie, lui qui a traversé tous les remous de l’histoire européenne du XXème siècle. Dès ses début en 1900, l’Enfant terrible de la Sécession Viennoise créé le scandale. Sa peinture expressionniste choque et révèle sans concession les passions d’une société moribonde. De son histoire d’amour tumultueuse avec Alma Mahler naitra « La Fiancée du Vent », l’un de ses plus grand chef d’oeuvre. Après la 1ere guerre mondiale, Kokoschka parcourt l’Europe pour en tracer le portrait. Qualifié d’Artiste dégénéré par les nazis, le peintre doit fuir l’Autriche. Il devient une figure de la résistance à la barbarie et, après guerre, un grand défenseur de l’idée européenne.

À ce récit du peintre répond un chœur de voix féminines : celle de la secrétaire d’Adenauer qui assiste, amusée, aux séances de pose, et celles d’historiennes de l’art dont le regard critique révèle les failles dans le récit du peintre : son rapport particulier aux femmes, son amitié après guerre avec certains acteurs clés de la politique de spoliation d’oeuvres d’art par les nazis… Tout dédié à la construction de sa propre image, Kokoschka espère que le portrait du chancelier Adenauer le fera enfin accéder à la postérité. Réussira-t-il ?

« L’homme est la mesure de toutes choses. En ce sens, l’homme européen a toujours su se redécouvrir dans le miroir de l’art, intervenir activement dans ses conditions d’existence, développer sa capacité à façonner la condition humaine, voire les conditions de survie de son espèce. Le changement, la transformation, même l’altération des conditions climatiques ont ainsi perdu leur caractère inévitable. »

« Être Européen signifie combattre le barbare en soi. “Vous n’êtes pas humain parce que vous êtes né, vous devez constamment devenir humain” a dit un jour un philosophe grec. C’est le thème de ma peinture. La figure de la liberté se tourne vers chaque spectateur qui passe devant l’image, elle lui tend la main. » 

Oskar Kokoschka portraits européens Stéphane Ghez - europe - le lieu documentaire-adenauer

Extrait des « Notes d’intentions » pour le film « Oskar Kokoschka – Portraits européens »

Quel message politique Kokoschka partage-t-il avec l’ex-chancelier Adenauer au terme de sa traversée européenne du siècle ?

Sans pour autant être conservateur, Kokoschka se positionne contre l’idée d’un progrès technique incontrôlé qui, pense-t-il, risque de conduire à la guerre.

La machine est pour lui « sans âme, elle ne peut remplacer l’imagination », et pire encore, « elle nous a échappé ». Il se méfie de cette civilisation qui peut tout contrôler et tout ficher, au risque d’anéantir, en les planifiant, nos possibilités d’expression individuelle.

Au moment où il peint Adenauer, Kokoschka affirme aussi une vision écologique : « L’ordinateur nous enlève la pensée. Cela touche à la magie. C’est pour cette raison que nous assistons avec indifférence, comme si nous étions déjà morts, à la désertification du monde, à la pollution des fleuves, des lacs, des mers, de l’atmosphère, ainsi qu’à la croissance maladive de l’espèce humaine et à la surproduction de la machine. » Et de s’interroger : « Pourquoi les naturalistes, les techniciens et les physiciens n’ont-ils pas gardé les yeux ouverts ? » .

Résonnant avec la parole de Kokoschka, des images de l’Europe d’aujourd’hui viennent souligner sa vision qui rejoint les enjeux de l’Europe de 2020 : manifestations contre les dictatures, montées des nationalismes, catastrophes écologiques, flots de migrants fuyant les guerres ou le réchauffement climatique… Le regard de Kokoschka semble avoir vu cela venir.

stéphane ghez - le lieu documentaire

Auteur-réalisateur et journaliste, Stéphane Ghez est passionné d’Art, de Culture et d’Histoire(s). Ses documentaires pour les chaînes Arte et France Télévision sont régulièrement sélectionnés et distingués dans les principaux festivals internationaux : sélection “Cannes Classic” Festival de Cannes 2025, prix SACEM du meilleur documentaire musical, Golden Prague Award for best cultural documentary, Festival International du Film sur l’Art de Montréal,…

Les films documentaires de Stéphane Ghez touchent à toutes les formes d’art -musique, peinture, littérature, cinéma, design, architecture, photographie, sculpture, bande-dessinée…- et lui permettent d’assouvir son insatiable curiosité pour les mystères de la création.

Filmographie (sélection) :

« David Lynch, une énigme à Hollywood »

« Xenakis Révolution, le bâtisseur du son »

« Joan Mitchell, une femme dans l’abstraction »

« Oskar Kokoschka, portraits européens »

« Charlotte Perriand, pionnière de l’art de vivre »

« Les Âmes baltes. Art, légendes et paysages »

« César, sculpteur décompressé »

« Buffet, le grand dérangeur »

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