Rostropovich – devenu dès les années cinquante l’une des célébrités de la scène musicale mondiale – dût quitter son pays en 1972.
Défenseur de Soljenitsyne avant que ce dernier ne fut expulsé d’URSS pour avoir publié « L’Archipel du Goulag », il s’installa à Paris et Washington après avoir été privé de sa citoyenneté par les autorités soviétiques. C’est ainsi que naquit sa légende.
Pour évoquer cette histoire hors du commun, le film convoque archives rares et témoignages de sa famille, Olga et Elena Rostropovich, et de ses amis Natalia et Ignat Soljenitsyne, Marta Casals-Istomin et Guennadi Rojdestvensky.
Né en 1927 à Bakou, d’une mère pianiste et d’un père violoncelliste formé auprès de Pablo Casals, Mstislav Rostropovitch a baigné dans la musique dès son plus jeune âge. Accédant à la renommée mondiale après-guerre, il fait partie des rares artistes russes autorisés à se produire aux États-Unis. Il refuse pourtant de renier Prokofiev et Chostakovitch, ses « idoles », mis au banc par Staline.
Lorsqu’il prend publiquement la défense de l’écrivain Alexandre Soljenitsyne, en 1969, les autorités se montrent moins clémentes : interdits, en représailles, de représentations à l’étranger et dans les grandes villes, Rostropovitch et sa femme, la soprano Galina Vichnevskaïa, s’engagent, en 1974, sur le douloureux chemin de l’exil. Déchus de leur nationalité quatre ans plus tard, il leur faudra attendre l’effondrement du bloc soviétique pour revoir Moscou. (source : videodromes)
À Mstislav Rostropovitch. Ton existence d’exilé a fait de toi une passerelle vivante entre l’art de la Russie et celui de l’Occident. […] Aujourd’hui, le visage de la Russie est défiguré par les balafres qu’a laissées la violence communiste et par les monstrueuses convulsions actuelles. Mais son âme demeure dans la culture. Telle est la mission à laquelle tu te voues, armé de ton indomptable archet. – Alexandre Soljenitsyne.
« Filmer la musique. Entretiens avec Guillaume Monsaingeon » (Philharmonie de Paris éditions, novembre 2023)
Violoniste et réalisateur, Bruno Monsaingeon a bâti une œuvre de 100 opus mêlant portraits d’interprètes et de chefs d’orchestre, récitals et concerts symphoniques, masterclasses… Un parcours émaillé de coups de foudre musicaux et amicaux, ponctué de deux rencontres virtuoses : Yehudi Menuhin et Glenn Gould.
Sous le regard critique de Guillaume Monsaingeon, ces entretiens au long cours tiennent à distance biographie, monographie et catalogue raisonné. On y retrouve la verve d’un conteur, mais c’est aux films qu’il donne la parole en réalité. Porteurs d’un langage visuel autonome, ils offrent à l’auditeur ce à quoi il n’a pas toujours accès : le détail des notes et des gestes ; des images qui recréent l’énergie musicale et l’émotion qu’elle suscite pour mieux nous en rapprocher.
Écouter, peser, choisir, façonner : autant d’interprétations que Bruno Monsaingeon revisite dans ce dialogue et qui structurent son œuvre, source d’archives pour le futur.
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