Aller-retour entre des images d’archives des procès staliniens des années cinquante et les lieux de Prague hantés encore aujourd’hui par la dictature. Le réalisateur donne à voir notamment les images du procès de Rudolf Slansky qui s’ouvre en novembre 1952. Ce procès, le dernier des grands procès staliniens, est aussi le plus parfait dans sa mise en scène. D’émouvants extraits de lettres des condamnés sont lus, notamment de celles écrites par Milada Horakova à sa famille.
« Mon propos, écrivait Bernard Cuau, est de montrer quel écart a pu se creuser en Tchécoslovaquie au commencement des années cinquante, entre le réel et son image : quelle forme de schizophrénie cela a pu engendrer dans la vie des gens, et ce qui demeure de cette dénonciation aujourd’hui à Prague en 1995. Quand la politique devient une gigantesque entreprise de mise en scène, images et mots ne servent pas principalement à mentir, mais surtout à inventer un monde fictif, qui vient se plaquer sur le monde réel. »