Quinze ans après le génocide commis en 1994 au Rwanda contre la minorité tutsie, la reconstruction du pays, notamment dans les campagnes, repose sur la réussite ou non des tribunaux de droit coutumier : les gacaca (« ou gachacha »), à « réconcilier » les victimes survivantes et les bourreaux. Mon voisin mon tueur suit, de 2001 à 2009, ce difficile travail collectif. Anne Aghion filme particulièrement deux femmes hutues, dont la famille tutsie (mari et enfants) a été décimée et qui doivent maintenant affronter, en vue d’une problématique cohabitation leurs bourreaux, qui ont déjà passé plusieurs années en prison. Les récits poignants, mais pleins de dignité, des unes, font face à la suffisance ou à la lâcheté des autres. Quinze ans après et sans doute jusqu’à la mort des protagonistes, le génocide est toujours présent dans les regards et sur les visages.