D’un côté, prestige, paraître, vie aisée, monde éphémère de la séduction, stylistes qui anticipent les saisons, et qui imaginent de nouveaux désirs de porter de la dentelle. De l’autre, tradition, savoir-faire, vie simple des ouvriers qui ont les mains noires, parce qu’ils utilisent de la mine de plomb pour faire tourner leurs machines. La dentelle relie deux espaces sociaux où ceux qui la portent ou la vendent, rencontrent rarement ceux qui la fabriquent. La dentelle fascine, et celle de Calais plus que les autres, parce qu’elle rassemble tous les grands créateurs. Pour les grands couturiers, c’est la plus belle, la plus fine, parce qu’on n’a jamais réussi à faire mieux avec les machines modernes. Avant d’être montrée dans les salons prestigieux, la fabrication de la dentelle nécessite des techniques développées dans un monde d’ouvriers. La fierté légitime de fabriquer du beau donne un sens à leur vie. Ils savent que leur savoir-faire est indispensable. À l’autre bout du fil, un autre monde : celui des stylistes qui anticipent la mode, façonnent la séduction éphémère d’une saison