Le film commence en 1851 : Victor Hugo, déjà célèbre, couverts d’honneurs, est banni pour sa résistance au coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte. Il s’exile à Bruxelles, puis à Jersey, et enfin à Guernesey, jusqu’en 1870.
À partir de l’oeuvre graphique de Victor Hugo, mise en relation avec des photographies (grande passion de l’exil) et de larges citations extraites des oeuvres écrites pendant cette période, Henry Colomer compose une fresque à la fois éblouissante et sombre de ces années d’exil.
De 1851 à 1875, Victor Hugo connut un très long exil, interrompu seulement par un bref retour à Paris au lendemain de la défaite de Napoléon « le Petit ». Bruxelles, Jersey, puis Guernesey accueillirent tour à tour l’écrivain proscrit, devenu mythe national vivant. Henry Colomer retrace ces années décisives en puisant dans l’immense réservoir des dessins à l’encre, et des textes (poèmes, romans et carnets), dits en off par Jacques Fornier.
Au cours de ces deux décennies, l’œuvre de Victor Hugo se diversifie presque à l’infini. La politique et l’Histoire y sont très présentes, depuis les reportages de « Choses vues » et le pamphlet « Histoire d’un crime » jusqu’au grand roman « Quatre-vingt-treize », qui revient au lendemain de la Commune sur le sens de la Révolution française. Les préoccupations sociales (solidarité, peine de mort, cachot, misère) trouvent leur expression achevée avec « Les Misérables ».
Dans la solitude face à l’océan, le poète médite sur la destinée humaine. Ses pensées intimes sur la mort, l’au-delà et l’univers inconnu trouvent une orchestration puissante dans l’œuvre poétique avec « Les Contemplations ». Ce sont elles qui inspirent aussi les dessins les plus sombres et les plus saisissants. Les portraits du poète (animés en 3 D), les photographies prises par son fils Charles et les prises de vues réalisées dans la maison de Guernesey complètent cette évocation d’un Victor Hugo, pour ainsi dire, par lui-même.
(Eva Ségal – Images de la culture)
Auteur d’une trentaine de films depuis 1980, Henry Colomer interroge avec force la transmission de génération en génération, ainsi que les rapports que chaque individu entretient avec l’histoire collective. Mêlant témoignages et archives, ses essais documentaires offrent une autre lecture des bouleversements du monde, de la fin du XIXe siècle à nos jours.
Formé à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) à Paris et au Dramatiska Institutet Stockholm, cet amoureux des mots a notamment brossé de fabuleux portraits d’auteurs, comme Salvador Espriu (1989) et Primo Levi (1990) ou encore Victor Hugo (« L’Exilé », 2002). Et de mots, il est question dans son dernier film, primé au Rendez-vous de l’Histoire de Blois. Que peuvent-ils nous apporter dans les moments les plus sombres traversés par l’humanité ? Henry Colomer invite éditeurs, historiens et psychanalystes à partager des petites histoires de la Grande, où quelques mots, quelques phrases forment autant de talismans qui forgent la résilience. (site Étonnants voyageurs Saint-Malo + écouter un débat enregistré)
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