Les eaux du Boug

  • Marc Sagnol
2020
92min

Synopsis

Ce film, consacré au poète Paul Celan, est un voyage initiatique à travers un pays qui semble imaginaire mais qui ne l’est pas. C’est un pays bien réel, appelé la Podolie, traversé par un fleuve majestueux, le Boug. Pendant la deuxième guerre mondiale, ce pays s’est appelé la Transnistrie.

Le film est construit selon un parcours, qui permet de reconstituer une histoire qui, à chaque instant, aurait pu se passer autrement. La trame principale du film est la recherche de traces de Friederike Schrager, la mère du poète Paul Celan, depuis Czernowitz où elle fut arrêtée, jusqu’au village de Mikhaïlovka, sur le bord du Boug, où elle est morte en déportation.

Des rencontres permettent de mieux comprendre le parcours. Un témoin central est Philippe Kellmer (Paris), qui a vécu l’enfer de ces camps et a connu à Mikhaïlovka la mère de Paul Celan, ainsi que le peintre Arnold Daghani et la poétesse Selma Meerbaum, déportés de Czernowitz. D’autres témoins sont Eric Celan (Paris), Alexandre Guelman (Moscou), Esther Fleischman (Chargorod), Rita Chveibisch (Toultchine) Efim Vygodner (Berchad), Lidia Piven (Mikhailovka).

Mots clés

  • Déportation
  • Géographie
  • Guerre de 39-45
  • Histoire
  • Littérature
  • Poésie

Ce film, consacré au poète Paul Celan, est un voyage initiatique à travers un pays qui semble imaginaire mais qui ne l’est pas. C’est un pays bien réel, appelé la Podolie, traversé par un fleuve majestueux, le Boug. Pendant la deuxième guerre mondiale, ce pays s’est appelé la Transnistrie.

Le film est construit selon un parcours, qui permet de reconstituer une histoire qui, à chaque instant, aurait pu se passer autrement. La trame principale du film est la recherche de traces de Friederike Schrager, la mère du poète Paul Celan, depuis Czernowitz où elle fut arrêtée, jusqu’au village de Mikhaïlovka, sur le bord du Boug, où elle est morte en déportation.

Des rencontres permettent de mieux comprendre le parcours. Un témoin central est Philippe Kellmer (Paris), qui a vécu l’enfer de ces camps et a connu à Mikhaïlovka la mère de Paul Celan, ainsi que le peintre Arnold Daghani et la poétesse Selma Meerbaum, déportés de Czernowitz. D’autres témoins sont Eric Celan (Paris), Alexandre Guelman (Moscou), Esther Fleischman (Chargorod), Rita Chveibisch (Toultchine) Efim Vygodner (Berchad), Lidia Piven (Mikhailovka).

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Paul Celan. Photo DR

Paul Celan (1920-1970) né Paul Pessach Antschel ou Ancel, est un poète roumain d’origine juive et de langue allemande.

Sa mère est issue de la bourgeoisie germanophone, très attachée à l’empire des Habsbourg, alors que son père appartenait à une communauté juive très stricte d’origine ukrainienne qui pratiqua avec ardeur l’hébreu et le yiddish.

Il étudie la médecine en 1938 en France, puis rentre en Roumanie pour étudier la littérature de langue romane à l’Université de Cernăuți. Son père et sa mère, arrêtés et déportés, périrent, le premier par le typhus en 1942 et la deuxième, par une balle dans la nuque en 1943 dans le camp de concentration de Michailowka. En 1943, Paul est envoyé dans un camp de travail forcé en Moldavie et est libéré par l’Armée rouge en 1944.

Pendant quelques années, il fut éditeur et traducteur à Bucarest. En 1947, il quitte la Roumanie pour Vienne en Autriche et y publie son premier livre « Le sable des urnes » (« Der Sand aus den Urnen »). Il s’installe ensuite à Paris, où il exerce la fonction de lecteur d’allemand et de traducteur à l’École normale supérieure. En 1952, il épousa Gisèle de Lestrange (1927-1991), artiste rencontrée en 1951 à laquelle il écrira plus de 700 lettres.

Son deuxième livre, « Pavot et Mémoire » (« Mohn und Gedächtnis »), parut en 1952. Son poème le plus connu, « Fugue de la Mort » (« Todesfuge ») a pour thème le sort des juifs dans les camps d’extermination. Parlant parfaitement le français, il n’a voulu écrire que dans sa langue maternelle allemande. Il fut naturalisé français en 1955. En 1960, Paul Celan reçoit le Prix Georg Büchner, et prononce pour l’occasion un magnifique discours « Le Méridien ».

L’auteur de « La rose de personne » (« Die Niemandsrose », 1963) entretint une correspondance émouvante avec Nelly Sachs (1891-1970), poète lyrique et dramaturge, de 1954 jusqu’à sa mort.

Malgré ses amis, l’étau s’est refermé, la folie cogne à sa porte et il entreprend de nombreux séjours en hôpital psychiatrique. Parfois il aura des accès de violences destructrices et Ingeborg Bachmann (1926-1973), la tendre confidente, et Nelly Sachs, tout autant que Gisèle de Lestrange sa femme seront ses recours incessants. Mais il dérive lentement vers le gouffre et se suicide en se jetant dans la Seine.

Source : agora.qc.ca

Entretien, tournage et montage : Natalia Bogdanovska

marc sagnol - voyage en europe extreme ukraine

Marc Sagnol, né en 1956, germaniste et philosophe, ancien directeur des Instituts français de Dresde et de Kiev, est chercheur invité à l’Institut de philosophie de l’Université de Potsdam.

Après s’être fait connaître dès 1982 par ses travaux sur l’archéologie de la modernité chez Benjamin, il a publié divers essais philosophiques (sur Benjamin, Foucault, Simmel, Hegel) et littéraires (sur Goethe, Kafka, Celan, Perec, Proust, et aussi sur des lieux : Marienbad, Czernowitz et les « confins » orientaux de l’ancienne Pologne : Galicie, Podolie, Volhynie, Polésie).

Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « Tragique et tristesse. Walter Benjamin, archéologue de la modernité », primé par l’Académie française, plus récemment de « Voyage en Europe extrême. L’Ukraine » aux éditions du Cerf (2022), ainsi que d’un film sur Paul Celan, « Les eaux du Boug ».

« Voyage en Europe extrême. L’Ukraine » (éditions du Cerf, 2022)

Après avoir parcouru l’Ukraine pour y exhumer les grandes mémoires enfouies de l’autre Europe, Marc Sagnol y est retourné au milieu des bombardements pour en contempler les ruines.

Les images et les mots, comme une invitation au voyage, nous plongent dans des mondes évanouis, sur les traces des grands penseurs d’autrefois. Avec lui, on arpente la terre noire de l’Est à travers villes et villages, aux côtés de Balzac, de Joseph Roth en Galicie et Bucovine, de Leopold von Sacher-Masoch à Lemberg-Lviv, de Paul Celan à Czernowitz…

C’est en connaisseur de la philosophie et de la littérature que Marc Sagnol traverse les « terres de sang » abîmées par tous les chaos. Terres qui furent celles de la plus haute civilisation et des plus grands malheurs. Quelle fut la culture juive, jadis florissante en ces lieux, et qu’en a-t-il été de sa disparition dans la Shoah ? Qu’est-il advenu de ces mondes révolus ? Comment penser la tragédie d’hier au regard du drame d’aujourd’hui ? Une plongée dans les siècles pour dire que notre destin se joue d’abord là-bas.

Actuelle parce que inactuelle, une grande fresque littéraire. Un récit d’exception.

 

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