Tombeau pour Jean-Daniel Pollet, décédé en septembre 2004. Pierre Borker tente d’en cerner l’œuvre cinématographique en convoquant photographies, extraits de films, proches collaborateurs et spectateurs “lambda”. D’autres images, que Borker tourne chez Pollet à Cadenet (Vaucluse), reviennent sur les lieux d’un projet interrompu trop tôt, pour questionner la relation unique qu’il avait liée au paysage.
Par où commencer ? Comment faire ou comment faisait-il ? Ces questions, qu’un commentaire off ressasse au long du film, offrent à Borker plusieurs entrées dans l’œuvre de Pollet : 11 digressions méthodologiques, thématiques ou biographiques, 11 tentatives pour décrire la spécificité d’une œuvre discrète et importante. Les extraits de Pourvu qu’on ait l’ivresse (1957) et L’Acrobate (1975) retrouvent sous la forme du burlesque les questions du geste et de la danse que Méditerranée (1963) et Pour mémoire (1979) redéploient à leur tour dans les questions de la mémoire et du paysage – la mémoire comme paysage, le paysage comme mémoire. On ne trouvera pas ici de commentaire de l’œuvre à proprement parler : Borker au contraire tâche d’en restituer par petites touches l’inépuisable complexité, d’en décrire les intuitions, sans compromettre le mystère dont Pollet, reclus dans sa maison de Cadenet (maison que Borker décrit à juste titre comme “épicentrique”), s’était entouré.
(Mathieu Capel)