Derniers jours à Shibati

  • Hendrick Dusollier
2015
60min

Synopsis

Shibati, le dernier vieux quartier de la plus grande ville de Chine Chongqing, est sur le point de disparaître.

Zhou Hong, le petit prince des ruelles animées du quartier, et Mme Xue Lian, l’extraordinaire marraine des travailleurs migrants, vivent depuis toujours à Shibati. Ils doivent partir vers l’une des milliers de tours anonymes de la banlieue lointaine.

 

Mots clés : 
  • Banlieue
  • Chine
  • Enfance
  • Population
  • Population urbaine
  • Portrait
  • Vie quotidienne

Shibati, le dernier vieux quartier de la plus grande ville de Chine Chongqing, est sur le point de disparaître.

Zhou Hong, le petit prince des ruelles animées du quartier, et Mme Xue Lian, l’extraordinaire marraine des travailleurs migrants, vivent depuis toujours à Shibati. Ils doivent partir vers l’une des milliers de tours anonymes de la banlieue lointaine.
 

EXTRAIT D’UN ENTRETIEN AVEC HENDRICK DUSOLLIER, RÉALISATEUR (entretien intégral à lire dans le dossier de presse)

 

À PROPOS DE LA CHINE, COMMENT EST NÉ LE DÉSIR POUR CE PAYS D’UNE FAÇON GÉNÉRALE ET LE PROJET DE CE FILM EN PARTICULIER ?

La première fois que j’y suis allé c’était en 2005, pour présenter « Obras » dans un festival.

Aujourd’hui ça paraît évident mais à l’époque on parlait encore très peu de la Chine, il n’y avait pas d’image, c’était juste avant qu’elle ne devienne omniprésente dans les médias.

Quand j’ai débarqué à Shanghai ça a été un vrai choc. Les maisons traditionnelles étaient coincées entre d’énormes buildings, des petites carrioles croisaient les derniers modèles de Mercedes… on passait d’une époque à l’autre à chaque instant.

J’ai d’abord filmé la disparition des vieux quartiers, les merveilleux lilongs qui n’existent plus aujourd’hui. Et puis j’ai commencé à voyager dans le pays, pendant plusieurs mois j’ai filmé les mégapoles, les «petites » villes de province, j’ai traversé les régions minières, les plaines agicoles, j’ai suivi le fleuve Yang Tsé… je voulais avoir une vision globale. C’est comme ça que j’ai collecté les images pour composer Babel.

Quelques années plus tard je suis allé à Chongqing, la ville qui a connu la transformation la plus rapide du pays. Quinze ans plus tôt il n’y avait que des petites maisons et des quartiers anciens. Quand je suis arrivé,des milliers de tours avaient poussé et c’était devenu la plus grande agglomération de Chine, avec 33 millions d’habitants. Il ne restait plus rien de l’ancien monde, sauf Shibati, le tout dernier quartier traditionnel, en plein centre ville, à quelques mètres des boutique de luxe, des tours d’affaire et des écrans géants du Time Square local.

Les démolitions venaient de commencer mais c’était encore très vivant. Un labyrinthe de ruelles et de petites maisons accrochées à la roche et recouvertes d’une végétation quasi tropicale. «Chong-qing» c’est la « ville-montagne», il y avait des escaliers dans tous les sens, de petites échoppes, les gens
cuisinaient dehors, bavardaient autour des tables de majong,
faisaient la lessive en pyjama ou prenaient leur douche devant leur porte, c’était vraiment très beau. Un an après il ne restait plus qu’une montagne de gravats.

LE FAIT DE FILMER NON PAS À L’AVEUGLE MAIS EN ÉTAT DE SURDITÉ, SANS COMPRENDRE CE QUE DISENT VOS PERSONNAGES, N’APPORTE-T-IL PAS FINALEMENT UNE FORCE AU FILM ?

C’est sûr que quand on ne comprend pas ce qui se dit, on ne peut pas vraiment orienter les dialogues ni les événements. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a la sensation que ce sont les personnages qui dirigent le film.

UNE POSITION FRAGILE DE VOTRE PART QUI EST EN ADÉQUATION AVEC LE SUJET ET LES PERSONNAGES FINALEMENT ?

Oui, et qui touche aussi beaucoup les spectateurs. À chaque projection les gens viennent me voir pour me dire à quel point ils sont émus, certains sont très admiratifs de Madame Xue Lian, d’autres plus attendris par Zhou Hong, ils me demandent comment ils vont, s’ils ont réussi à s’adapter à leur nouvelle vie… C’est un lien très direct qui se crée avec les spectateurs.

Le fait que je sois seul dans cette position de fragilité leur permet de s’identifier, d’avoir le sentiment d’être à mes côtés, avec les personnages. Cette fragilité est essentielle, aussi bien dans ma relation avec les personnages
que pour le spectateur.

Hendrick Dussollier - Derniers jours à Shibati - le lieu documentaire - festival vrai de vrai 2025 - strasbourg4

Licencié en Histoire à la Sorbonne et diplômé des Art-Décos de Paris, Hendrick Dusollier réalise en 2005 son premier film « Obras », un voyage à travers les vieux quartiers en destruction de Barcelone.

Proposition artistique et technique inédite, il est sélectionné à Locarno, nommé aux César, prix SCAM, et sera le court-métrage le plus récompensé de l’année dans les festivals internationaux.

Son film suivant « Babel » est une allégorie des profonds bouleversements que subit la Chine contemporaine.

Également coproduit par Arte, il est sélectionné à Rotterdam et reçoit de nombreuses récompenses dont le prix Unifrance 2010 du meilleur court-métrage.

En 2013, son documentaire « Une journée dans la vie d’un dictateur » est diffusé dans une trentaine de pays.

Pour « Derniers jours à Shibati », il a suivi la disparition du tout dernier quartier historique de la mégapole de Chongqing en Chine

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