Dans un pavillon un peu désuet et délabré, à la tombée de la nuit, se joue un étrange huis clos. Claude Mouriéras adapte le spectacle que le compositeur et metteur en scène Georges Aperghis créa en 1986 au festival d’Avignon. Deux hommes et une femme s’observent et, réinventant leur propre langage, expriment la quintessence des relations humaines.
Aperghis travaille sur les sonorités de la voix liées au langage. Du chuchotement ultra rapide aux cris articulés, les sons perdent leur intelligibilité, n’en deviennent que plus expressifs et trouvent même une plus grande résonance dans les corps et les gestes. Ainsi dégagée de l’intellect, du masque des mots, l’intention des personnages ne perd pas son sens qui, au contraire, devient plus aigu, plus sincère. Seule l’émotion reste, mettant en lumière le tragique et le comique des relations humaines. Claude Mouriéras s’insinue dans ces singulières conversations, prêtant sa caméra au regard des comédiens qui s’observent sans cesse les uns les autres.
(Guillaume Courcier)