Aux élections municipales de 2014, dans la Drôme, les citoyens de Saillans confient la mairie à une liste proposant un partage du pouvoir entre élus et habitants. À l’heure d’un certain désenchantement politique, l’espoir suscité par cette victoire est immense.
Cinq ans plus tard, alors que les élections municipales approchent, le village se réunit pour tirer un premier bilan de cette expérimentation politique.
L’expérience sera-t-elle prolongée pour une nouvelle mandature ?
Note des réalisatrices
Le tournage au long cours de ce film s’est déroulé dans un contexte de grande ébullition démocratique : les nuits debout, les gilets jaunes, les ZAD.
La nouvelle forme de gouvernance municipale participative mise en place à Saillans entre 2014 et 2020 a passionné une partie des citoyens qui ont placé dans ce petit village de la Drôme l’espoir d’une révolution démocratique.
Après 6 ans de vie collective intense, et à la veille du premier confinement, les habitants de Saillans ont cependant vu cette expérience s’arrêter le 15 mars 2020, soir des élections, car le projet n’a pas été reconduit.
“Commune commune” déploie cette trajectoire exceptionnelle et qui nous interroge.
Le projet était d’oeuvrer « tous ensemble » au service du village. Mais malgré l’intention louable de l’équipe municipale, les tensions n’ont cessé de croître au cours de la mandature.
Que cela soit sur des projets modestes comme l’extinction nocturne des lumières publiques, ou sur des questions plus difficiles comme l’accueil des migrants, les différentes populations butent sur les méthodes de prises de décisions (accusées de mener à des «consensus mous »), sur le sentiment d’absence de débat, sur un agacement face à cette nouvelle injonction à participer et à changer ses habitudes, ou encore sur l’impression d’une absence de direction politique globale.
L’équipe essaye régulièrement de réajuster son approche. Notamment, afin de sortir de l’« entre soi » de l’expérience, la mairie associe un groupe d’habitants tirés au sort, à la révision du Plan Local d’Urbanisme. Mais la légitimité de ce groupe est remise en cause par une partie de la population qui, bien que consultée lors d’ateliers publics, a le sentiment que son avis n’est pas pris en compte. C’est dans le cadre du PLU qu’une opposition se constitue et s’organise en liste adverse au cours de la campagne municipale 2020.
Malgré les nouvelles pratiques acquises et les nombreux projets réalisés pendant la mandature, un clivage semble s’être installé dans le village entre ceux qui soutiennent l’expérience, et les autres.
