Dans les années 1970, Charlemagne Palestine, carillonneur de l’église Saint-Thomas sur la 5e Avenue à New York, fréquente l’avant-garde artistique et développe sa propre expression musicale : le “strumming”. Chez lui, entouré de ses instruments (et de ses peluches), images d’archives à l’appui, portrait de cette personnalité excentrique, chercheur d’or sonore, performeur et vidéaste, devenu l’une des figures de l’underground new-yorkais.
Il n’y a sans doute que le New York des années 1970 pour offrir un tel personnage, une figure d’artiste pour qui l’art est à la fois performance et expression de soi. La performance est d’ailleurs le terme le plus approprié pour désigner l’art de Charlemagne Palestine. S’il est avant tout musicien, chanteur, carillonneur et pianiste, Charlemagne Palestine s’est mis en quête de l’œuvre d’art totale. C’est au contact de la peinture qu’il découvre sa voie : la recherche d’un univers sonore englobant, fait de vibrations et de nappes, à l’instar des aplats de couleurs de Mark Rothko ou Barnett Newman. Sa technique, le “strumming”, qui consiste à faire résonner les harmoniques d’un piano en martelant deux notes jusqu’à la transe, s’accompagne de rituels qui intègrent des éléments de l’enfance ou de la personnalité fantasque de l’artiste. Peluches, verres de whisky, costumes bariolés sont autant de fétiches qui renouent avec l’univers sauvage et exalté des chamans.
(Sylvain Maestraggi)