Hongkong, terminal du Star ferry. Des silhouettes matinales viennent peupler l’embarcadère. Toutes sont filmées de dos, de loin, ignorantes de la caméra, à moins qu’elles s’y refusent. Parmi elles, une femme en noir se détache : est-ce elle qui nous parle, par une voix off omniprésente ? Dominique Gonzales-Foerster entretient l’incertitude pour mieux décupler les capacités narratives et imageantes d’un dispositif pourtant fort simple.
« Les gens se regardent de dos, pas toujours de face. Ils se demandent s’ils ressemblent à celui-ci ou à celui-là. Les autres sont des parties de soi. » Au détour d’un monologue étrangement prospectif, dont l’espace reste au long du film inassignable, cette phrase nous livre-t-elle le sésame de « Central » ? L’artiste de plaît, de fait, à brouiller les identités, et fait même de ce brouillage le moteur narratif de son film. Cette voix-off appartient-elle à un en-dehors de la scène, en est=elle réellement contemporaine ? Jusqu’où le rapport qu’elle entretient avec les images du port répond-il à un arbitraire ?