En 1995, Chris Marker a rencontré François Crémieux, appelé volontairement dans les Casques bleus, resté six mois en 1994 dans l’enclave de Bihac en ex-Yougoslavie. Face à la caméra, en gros plan, le jeune homme témoigne de sa présence là-bas et livre une réflexion d’une clairvoyance et d’une honnêteté remarquables sur ce qu’il a vécu. Parti pour faire de l’escorte de convois humanitaires, François Crémieux et les autres engagés de l’armé française se sont bornés à faire des patrouilles, de l’observation sur le front, à protéger les bases et les convois de l’ONU. Analysant les limites de l’action de l’ONU, il a le sentiment d’avoir floué des gens qu’il n’a pas pu protéger alors que c’était sa mission. À force de reculs humiliants, de mensonges faits aux Bosniaques qu’ils ne peuvent protéger, les Casques Bleus se sont retrouvés de fait du côté des plus forts, les Serbes.