A la façon d’un spectacle de cabaret jouant avec son public attablé, Hans Peter Cloos met en scène un ensemble de sketchs du comique allemand Karl Valentin, dont Brecht qui fut longtemps son compagnon de route, disait : « Il est lui-même une blague ». Témoin sarcastique de son temps qui n’épargnait rien ni personne, l’auteur-acteur-réalisateur-producteur Karl Valentin (1882-1942) fut plusieurs fois emprisonné pour l’insolence de ses plaisanteries, sans être pour autant utilisé ou récupéré par quelque idéologie. Alternant avec des chansons, les sketchs s’enchaînent avec quiproquos et jeux de mots. L’usage convenu du langage est systématiquement détraqué, la cruauté ordinaire parodiée jusqu’à l’absurde et les « dessous » des couples improbables et des attitudes sociales dévoilés. Derrière le rire pointe une lucidité désespérée, soumise à la torture par la force de l’humour.
(Marie Dunglas)
