“Pourquoi ma grand-mère a-t-elle subi une lobotomie ? En tirant les fils de ce drame, j’explore les liens de la psychiatrie avec la société de son temps et la place très particulière des femmes dans cette histoire…”
(Catalina Villar)
“En point de départ, un silence de plus dans l’histoire d’une famille et dans l’histoire des femmes. La cinéaste Catalina Villar enquête sur sa grand-mère, dont la famille a muré de silence l’histoire. La cinéaste va tirer de ce récit familial une histoire collective, celle de l’usage abusif de la lobotomie sur les femmes en Colombie.
Dégager une histoire structurelle d’une quête intime implique de renverser ce que l’on trouve, de s’attaquer aux angles morts, de renouer avec les termes les plus justes face aux situations. C’est ainsi que la cinéaste trouve ce mouvement essentiel : passer de “on lui a fait” à “elle a subi”.
Avec pour témoins les membres de sa famille et les lieux vides mais chargés de leur passé qu’elle retrouve, elle dresse le portrait d’une femme, Ana Rosa, plus complexe que prévu, éreintée sans doute par les rôles qu’on lui a assignés. Car à l’époque d’Ana Rosa, il fallait correspondre aux idées que la société se faisait de la femme. Pour cela, comme souvent, des hommes se sont autorisés à abîmer les corps et à corriger les attitudes des femmes.
Le film ouvre un gouffre de violence qui s’étend à mesure que la cinéaste avance. Derrière une lobotomie s’en cachent des milliers, exercées sur des femmes par des hommes dans la plupart des cas. La lobotomie comme une punition d’être femme et comme pratique idéologique.
Et alors que le film révèle une méthode de plus pour éloigner les femmes de leur conscience de soi, la cinéaste fait le trajet d’une conscience collective : contre la docilité et l’obéissance, contre le silence, contre les portes fermées, pour les asiles ouverts, pour la folie à côtoyer plutôt qu’à condamner. Faire tomber les murs de silence autour des violences et de ceux qu’ils protègent.”
(Clémence Arrivé – Cinéma du réel)
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