Pour ce documentaire, Henri Alekan met en oeuvre sa science de la lumière au cinéma dans les conditions de tournage d’un film réduit, ici, à sa plus simple expression. La spécificité de son travail réside dans la manipulation de flots de lumière en “grandeur vraie”, contrairement au peintre qui la miniaturise et la figure par un tracé sur la toile.
Il s’agit de recréer l’imaginaire d’un personnage dans un décor irréaliste. Lumière de face, de profil, avec ou sans volet ; lumière solaire directionnelle, diffuse ; effets naturalistes ou esthétisants ; nuanciation de la lumière, palette d’étagement en étagement ; modelés surréels ; éclairages de la pénombre, décors en aplats, rampe au ras du sol, allongement des ombres, lumière sans modelé, etc. L’inventeur de lumière comme il devrait s’appeler, plutôt qu’opérateur, trop mécanique, s’en donne à cœur joie. Plaisir des termes et de la démonstration : comment transcender la réalité ? Nestor Almendros lui apporte brièvement la contradiction : son art consiste à mieux faire voir la beauté de la lumière “naturelle”.
