Le portrait conçu par Jean Daniel et Joël Calmettes tente de déconstruire l’image négative, tragique ou, a contrario, « naïve » qui reste parfois accolée à ce grand nom de la littérature et de l’histoire politique de l’époque moderne. Essayer de s’approcher au plus près de « la joie de vivre de l’homme, tendre à faire passer ce bonheur simple qui l’habitait et qui coule dans ses phrases… un bonheur bien sûr entravé, blessé, bientôt perdu de vue », tels sont les objectifs et le fil conducteur du film. Au regard de cet axe, le parcours de Camus est découpé chronologiquement en trois phases. La première, consacrée à l’enfance et à la jeunesse, fait retour sur les lieux d’origine : la ville d’Alger et la terre algérienne. C’est avec l’écriture de “L’Étranger” et du “Mythe de Sisyphe” que s’ouvre le deuxième volet : « Un bonheur étouffé par la gloire, France, 1941 – 1952 ». La dernière partie substitue à la parole de « l’ homme public » une figure plus intime qui apparaît dans la distance prise par rapport au cercle parisien et à l’idéologie communiste. Cette parole intime est mise en avant à travers la lecture d’écrits personnels, correspondances et journal. Avec des entretiens filmés ou enregistrés accordés par Albert Camus, des archives privées et les témoignages de Catherine Camus, sa fille, Edmond Charlot son premier éditeur, Jules Roy, Robert Gallimard, Catherine Sellers et le comédien Michel Bouquet. Le commentaire de Jean Daniel, marqué d’une dimension subjective explicite, est dit par Jean-Louis Trintignant.